Messagères du printemps

Publié le par Monique MERABET

Messagères du printemps

MESSAGÈRES DU PRINTEMPS

 

 

Les iris toujours

constellation éphémère

le temps d’un printemps

ma mémoire intemporelle

leur chante Magnificat

 

Le temps d’un ensoleillement. Durée de vie de l’iris d’un jour. Le printemps austral leur apporte existence augmentée d’un chouia de lumière quand nos jours vont croissant. Ils ne fleuriront plus guère après solstice de décembre.

Du lever au coucher du soleil, des premiers bulbes clochetons de l’aube aux fronces de l’après-midi dès que l’astre descend vers le couchant.

 

Un jour pour la fleur

je me réjouis qu’il rallonge

en septembre

 

L’iris d’un jour reste-t-il plus longtemps épanoui lorsqu’il saute la mer pour s’implanter dans l’autre hémisphère, un autre printemps ?

Voyage de quelques heures, un demi-tour de terre.

Au commencement, flotille de petits bateaux origami pas tout à fait déplié, voguant sur le vert océan des feuilles en rubans. Puis, nefs en partance pour un rêve bleu et blanc, voiles-pétales déployés, vers la douceur d’une île où tout n’est que beauté… Enfin, barques revenues de leur course lointaine, les voiles lasses et fripées, tapis de smocks tout autour de la maison. Ils ne perdent jamais ni leur grâce, ni leur pouvoir d’enchantement.

Leurs transformations s’inscrivent comme une moire sur la toile de ma mémoire, hors du temps. Elle seule est capable d’en rassembler toutes les strates, sans rien embrouiller des étapes de leurs métamorphoses.

Et ce matin, lendemain de pluie, une escadrille de petites orchidées les survole, dans la même harmonie. Corolles déployées, les tipijon n’ont pas eu le temps de voir se former les boutons en forme de colombes : l’urgence des plantes barométriques à se mouler aux variations de pression ou d’humidité.

Jardin de curiosités. Tant de mystères planent. Ces radis déjà levés alors que le persil prend chemin de flânerie. Il fait si bon, au giron chaud de la terre ? Le même terreau, pourtant… le même soin.

Peut-être les graines attendent-elles la lune ne nouvelle, celle d’équinoxe ayant fait long feu sous l’éteignoir des nuages.

Je crois plutôt que dans le grand chambardement de la nature, mes rêves, mes aspirations, ne pèsent pas plus que la légèreté de ce papillon qui revient aux fleurs naissantes. Ah ! Le battement d’ailes d’un insecte, le vol d’un colibri, cependant !

 

Pleine page

le chat ronronne

sur mes mots

seront-ils meilleurs

aujourd’hui ?

 

(23 septembre 2024)

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