Iris fuyant l'automne
IRIS FUYANT L’AUTOMNE
À travers grillage
L’iris veut-il esquiver
le roux des fougères ?
Les fougères dites « carotte » — sans doute à cause de leurs feuilles ciselées comme ombelles — me surprennent en cette période de l’année, à jouer à l’automne. Pour quelques jours, leurs teintes vieil or ou cuivrées font douter de notre saison pays.
Notons quand même que la plante qui ne perd pas le sud, revient rapidement aux tendres crosses printanières ; elle accomplit comme une mue,les feuillages brunis se détachant pour laisser place au vert.
La feuille d’automne / emportée par le vent…
Ah ! Les colchiques vont-elles remplacer les crocus dormant encore sous la terre de la jardinière ? Colchiques, crocus… fleurs d’automne pour hémisphère nord, me font changer de saison.
Sous le chaud soleil de notre presque été, qu’il est doux d’imaginer sentiers détrempés, sinuant à travers sous-bois d’une forêt… un peu comme celle que m’amena un rêve l’autre nuit. Mélangeant les espèces des deux hémisphères, il me composait voyage panaché.
Bilocation entre hémisphères. Mes kigos donnent de la bande, un coup bâbord, un coup tribord.
Je suis ici et maintenant, là-bas et autrefois… haîkus bringuebalés d’une saison à une autre. Équilibre entre hier, aujourd’hui, demain, aux parfums du franciséa.
Phénomène de bidentité environnementale et culturelle, aussi. Mille liens rattachent la Réunionnaise que je suis à la terre de France hexagonale : découverte très tôt dans les manuels de l’école puis à travers mes lectures.
Jamais coupée du sol natal, néanmoins, ni des spécificités de faune et de flore… et de cuisine. Mes semaines créoles à vivre dans le réel, en plénitude de jeux, vavangaj, caris engrangés au far-far de ma mémoire.
Dimanche au logis dimansh la kaz
Et si je mitonnais lokazion mète dann marmite
Bouillon d’artichauts ? bouyon zartisho
(27 octobre 2024)