Fleur de lune

Publié le par Monique MERABET

Fleur de lune

090125

FLEUR DE LUNE

 

Ses feuilles jaunies

le spatiphyllum et moi

espérons la pluie

 

Allégorie pour lys de la paix (ou fleur de lune) exposé à la sécheresse : limbes roussis, noirâtres, desséchés, ajourés, une allure belliqueuse de chevelure de Méduse. D’elle, s’élèvent cependant, quelques spathes blanches : mains qui se joignent, qui se tendent, prêtes à l’allégresse quand viendra la pluie. Je n’ose dire « quand viendra la paix ».

La Paix, ectoplasme qu’un de mes anciens poèmes avait baptisé : « La P… » : mes textes si désespérément lucides… Leurs mots me reviennent aujourd’hui, à chaque trait de plume. Poésie anémique et souffreteuse, pensée qui n’ose échapper à ses limitations.

Ah ! Préférer le haïku qui dit toujours merveille de l’instant ; le ressenti attristant n’est pas occulté, ni effacé mais reste en filigrane. Ne pas dire l’insupportable avec ses termes durs et térébrants. Ne pas se laisser étouffer dans leur filandre, non plus. Le haïku fait va-et-vient entre auteur et lecteur et chaque demi-cercle tracé libère un ressenti particulier.

 

Lys blanc de la paix

spathes en mains qui bénissent

vœux qu’on n’ose plus

 

Les mots épurés et pudiques ouvrent à l’espérance, celle qui se partage en douceur. Alchimie de chocolaterie.

Voir plus loin, voir plus vaste. Ne pas hésiter à s’approcher de la face cachée de la lune où nous attendent d’imprévisibles trésors. Et si c’était une lapine qui eut l’heur de plaire aux dieux, autrefois, on peut raisonnablement imaginer troupeau de lapins batifolant au thym de lune. Kisa i pè konète ?

La différence entre légende et réalité est ténue pour le poète.

Et combien de queues de rats pour atteindre la lune ?

Une seule… pourvu qu’elle soit assez longue.

 

Si tu ne vois pas

les lapins* de pleine lune

retourne-la

 

(*une légende aztèque dit que Quetzalcoalt, affaibli et épuisé rencontre un lapin qui se sacrifie pour le nourrir. Le dieu, reconnaissant l’envoya alors sur la lune pour que les humains se rappellent le sacrifice du petit animal ; il y a d’autres versions japonaises ou chinoises de cette légende… avec d’autres divinités, bien sûr.)

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article