Arc-en-ciel pour un banian
250323
ARC-EN-CIEL POUR UN BANIAN
Petit cardinal
à l’abri dans le ricin
vois-tu l’arc-en-ciel ?
Moi, je l’ai juste aperçu, éphémère bonheur du jour. Mes tentatives maladroites pour le photographier avec mon téléphone, ne m’ont laissé que photos aux teintes fanées d’un nostalgique polaroïd. Arche fantomatique des glorieuses couleurs d’avant, empreintes ténues et cependant fortes de ce qui fait joie.
Comme on garde au cœur sourires et rires d’antan. Et les oiseaux devisant sur les fils, sont là pour en témoigner. Leurs accents si limpides, si akokinan*, ne peuvent que chanter l’arc-en-ciel, n’est-ce pas ?
Et puis l’arc s’est retiré, rideau s’ouvrant sur scène de ciel bleu où quelques nuages disloqués font les pitres.
Jamais ne me lassent
arbres scintillant de gouttes
vos chants aériens
Mon dimanche s’en trouve allégé de toute charge, de toute obligation… sinon celle d’échanger quelques poèmes. Moments de grâce qui me font oublier notre fragilité d’être. Je me sens inscrite dans une éternité.
Effet arc-en-ciel signant le dimanche, le repos du septième jour de création. Souvenir d’un poème arrangeant la Genèse en ciels de couleurs… arrêt au septième ciel !
Souvenir aussi du garçon qui avait fait de mon poème un calligramme d’arbre de vie, feuillage en strates concentriques colorées.
Gisants devenus
on replante les banians
du bord de mer
Arbre-racine… emmêlant**
continents et origines
C’est à Saint-Denis que s’effectue la replantation des arbres mythiques signant nos paysages. Arbres sacrés — au départ, apportés par les engagés venus de l’Inde —, arbres fondamentalement religieux en ce sens qu’ils nous relient à l’invisible, quel que soit notre lieu de naissance, réunissant celui qui croit et celui qui ne croit pas.
Et, correspondance d’âme, Mariem Raiss m’envoie un beau texte sur les banians , ou plutôt, Banians (avec un B majuscule, comme elle l’écrit elle-même.)
« De Rabat à Saint-Denis, de San-Juan à Palerme, il y a le Banian. Le Banian des Indes. L’arbre-racines, l’arbre de nos racines. Celles qui s’emmêlent dans nos amours pour toujours »
(*akokinan : terme du créole que Maman utilisait pour parler de quelque chose d’attirant
**mots repris au texte de Mariem Raïss)