Papillon qui n'est pas encore là
170325
PAPILLON QUI N’EST PAS ENCORE LÀ
Orages de nuit
vertes crosses des fougères
au poing vigoureux
Ambiance mouillée pour ce lundi. Dans le caféier-fleur, j’entends les petits oiseaux-lunettes recueillir les gouttes ; leur chant s’en trouve un peu assourdi avec un soupçon de joyeux gargouillis.
Des escargots de l’allée du soir, il ne reste qu’un trio agglutiné dans la jardinière du lantana. Les goliaths se font rares cette année, sans doute à cause de la sécheresse de janvier.
Les modulations des tourterelles invisibles se répètent, triomphales, saluant la pluie revenue, ressuyant mes pensées d’un cauchemar. Laissons-le se dissoudre aux correspondances familières du jardin, de la rue.
Jour de rentrée aujourd’hui.
Nous sommes en Carême, en Ramadan, en Pâque juive, corrélations syncrétiques de l’année 25. Les religions donnent le la d’une possible entente, d’une paix. Les paysages apaisés prennent, alentour, caractère sacré.
La nature est un temple où de vivants piliers
Laissent parfois sortir de confuses paroles.
L’homme y passe à travers des forêts de symboles
Qui l’observent avec des regards familiers.
Si nous prenions le temps de les lire, de les écouter ! Ah, nous sentir plus proche d’une guêpe, d’une mouche charbon voletant autour des corolle ! Les insectes n’ont besoin de rien d’autre que de suc de vie.
Ciel qui s’éclaircit
je t’attends papillon
né du matin
Le papillon nouveau tarde un peu. Il ne saurait à quel pétale, à quelle tige boire au champ des gouttes à foison. Dépêche-toi, petit elfe bienveillant ! Je t’attends comme l’ultime note d’une hymne de glorification.
(goliath : nom donné aux gros escargots achatines communs en mon jardin)