Des chats dans ma tête

Publié le par Monique MERABET

Des chats dans ma têteDes chats dans ma tête

250410

 

DES CHATS DANS MA TÊTE

 

Ciel inconsistant

la ouate des nuages

retient la lumière

 

Clarté tamisée du matin. Le soleil se lève de plus en plus tard et se couche de plus en plus tôt. Balancement des saisons.

Lever : 6 h 27, coucher : 18 h 10, dit l’éphéméride du 10 avril.

Moi, dans mes septantaines, je dois accepter d’avoir besoin de plus en plus de temps pour me réveiller. Rien ne sera plus jamais … comme avant ?

Le jardin immobile et muet me regarde (me toise ?), l’air buté. Il ne fera pas d’effort pour me dérider d’un papillon, aujourd’hui.

D’ailleurs, où êtes-vous les oiseaux ? Je scrute en vain le réseau de câbles porteurs d’ondes ; il s’étoffe à chaque modernisation puisque les fils devenus inutiles — la 2G n’existe plus, Madame, veuillez passer à la fibre —, sont laissés en place.

Diversité des diamètres, me faisant penser à une portée de cordes  d’un instrument à inventer. Chaque corde du luth céleste ne donne pas la même vibration quand le bulbul vient s’y poser ; je choisis le bulbul parce que son chant est le plus mélodieux.

Les nuages restent indécis et flous. Comme mes idées. Comme si un chat se promenait dans ma tête.

 

Les gros nuages jouent

à la ronde dans ma tête,

chat brumeux qui se disloque,

chat peluche qui s’effiloche

 

Extrait de « balades à dos de nuage », recueil bilingue que j’ai écrit avec la collaboration de Huguette Payet. Voici la version créole qu’elle en a donnée :

 

Dan mon tèt na in niaj

In niaj bien ron

Parèy in matou lé saj

Joli patapon…

 

Toudinkou li fé gro do

Alala la minèt

Mon doi i trouv pi lo do

Si mon klarinèt

 

Zot dè i joué sote-mouton

Moin mi joué gardien ;

Mi vèy bien mon dè dalon

Niaj, si zot i arvien

 

A la ronn bann ti mimite,

Astèr vien dansé.

Nana in niaj zizite

Andsou mon boné.

 

Ah ! L’amie Huguette qui perd la mémoire ! Il n’est que justice de lui en restituer un peu par le biais d’un poème.

J’ai toujours aimé l’écriture à deux, comme une correspondance entre âmes âmies. C’est bien pratique quand sa Majesté Jardin entre en méditation bonèr granmatin konmsa… laissant mon imaginaire en jachère.

Vide ou vacuité ? L’écriture se creuse méninges lexicales pour en décrocher quelques mots ni pires, ni meilleurs que ceux d’hier. Paroles… Paroles… Paroles…

L’oiseau revenu. Un frémissement se répand aux feuilles nouvelles  qui n’ont pas encore appris à danser. Feuilles d’un si joli rose aux cerisiers !

Les chats nuages, roux, noirs, écaille de tortue, sont redescendus à mes pieds. Ils me tiennent compagnie, je leur tiens compagnie.

La vie toujours duale.  Regarder par le bon côté.

 

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