Quand les mots bouchonnent

Publié le par Monique MERABET

Quand les mots bouchonnentQuand les mots bouchonnent

250429

 

QUAND LES MOTS BOUCHONNENT

 

 

Ce qui m’émerveille

au matin l’embouteillage

des mots pour le dire

l’esprit n’a pas digéré

des bribes de mauvais rêve ?

 

S’endormir avec un gros sac de mots-haïkus pour demain. Et, au réveil, désert en panne de sens. Plus un seul mot à vouloir s’enrouler sous la plume. Le puits asséché ou le liseron emberlificoté au seau, la muse endormie sur la margelle.

Ah ! Rendez-moi mon écriture peignée, petits lutins de la nuit !

 

petits nœuds de lettres

atterrissant sur la page

cul par-dessus tête

mémoire shevè kogné*

difficile à démêler

(*cheveux crépus)

 

Pour me faire zinzin, le débat animé des oiseaux, la luxuriance du jardin : mots de limbes, de fibres, de plumes, de chlorophylle plus exubérants que les mots d’encre.

Se faire toute petite, humble. L’humain n’a pas l’apanage du langage — à se demander en quoi il prédomine, d’ailleurs — : nos mots forgés de bric et de broc, reliés par des connexions bringuebalantes, tout juste bonnes pour l’Intelligence Artificielle. (Pourquoi je lui mets des majuscules, au fait ?)

Nous ne valons que par notre capacité à ressentir, à l’instar des êtres à fleurs, ailes, poils — ne pas oublier le chat qui fait sa toilette — s’ébattant au jardin. Ce que l’ia n’aura pas… la la laire…

Puérilité. En être réduite à tirer la langue à intelligence artificielle !

N’est-ce pas aussi de bonne guerre de battre notre langue, de libérer ses mots afin de résister au grand décervelage planétaire ? Mission d’écrivain.

Utiliser les mots de l’I H (intelligence humaine), les connections, la matière, issues d’une improbable union entre gamètes, et qui se développent naturellement à partir d’une infiniment petite graine. Le même processus pour le végétal et l’animal. L’i.a saurait-elle créer autrement que du virtuel ?

Assembler les mots… tenter de garder l’espoir qu’un jour « les hommes vivront d’amour ». Ce sera demain peut-être, au bleu-delà d’un ciel prochain.

Et tous ces instants à vivre !

 

prendre à contre-jour

le soleil magigador*

sur la vieille souche

les champignons desséchés

offrent bouquets surannés

(*sorcier)

 

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