Les absents de l'équinoxe

Publié le par Monique MERABET

Les absents de l'équinoxe

250922

 

LES ABSENTS DE L’ÉQUINOXE

 

Volet rabattu

iris boudant l’équinoxe

trop frais le printemps ?

 

Je pensais vous écrire une ode, iris du jour de l’équinoxe, mais vous avez retardé votre parution à cause du vent.

Vous voilà donc cette année, inscrits aux absents de l’équinoxe 2025. Dommage, tant pis, n’en parlons plus !

 

volée de cloches

tout éclaboussé de pluie

le premier iris

 

C’était hier… avant-hier… Hommage à la fleur qui n’a pas craint les gouttes enchifrenant son minois !

Pour ce matin, saluons donc notre printemps austral de ces pensées multicolores mises en terre hier : festival de couleurs vives qui me rappelle tant les primevères s’épanchant jadis au pied de l’olivier d’un jardin de Provence.

Pensées ? Primevères ? Je ne sais plus à quelle boussole me fier. Lapsus permanents de mes printemps revenus au sud. Dans l’émerveillement d’instants passés qui ne se décollent pas du présent, je tisse un ramage bâtard mêlant les hémisphères.

Ici, maintenant :

Près de l’arbre à pain, les grappes du bégonia arbuste, cœur-de-Jésus ou cœur-de-Marie. Elles carillonnent une chanson douce, un hymne au renouveau.

Dans l’herbe déjà trop haute, un nœud de celosia « crêtes de coq » perdure, épis au pourpre un peu délavé dont les graines vont se ressemer alentour et qui me feront parterres grignotant une impossible pelouse. Ensauvagement effrayant pour faux jardiniers assassins, ne rêvant que tondeuses et débroussailleuses à promener d’une traite pour un sage gazon lisse et fade.

Chez moi, chaque pas est pensé afin de ne pas piétiner les pousses naissantes de futures brèdes, lastron, morelle, payatèr… Afin de préserver aussi le petit liseron fleuri au ras du sol. Afin de laisser grandir espèces inconnues qui me donneront peut-être feuille et fleur nouvelles à ranger dans l’herbier des saisons. Et si renaissaient les plantes disparues, datura, lys orange, bringellier, longoz ?

Mon émerveillement boulimique transcende les lieux et le temps, rassemble sans rien oublier, rejeter. Vieillir est un enrichissement.

Peu importe que le corps flanche, que les pas deviennent plus lents ! Rien ne me privera de l’ivresse de vivre dans l’euphorie des instants. Ma mémoire est cave pleine.

 

Dernière gorgée

mon café tout chaud

de soleil

laisser gémir le vent frais

un livre m’attend

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