Nous sommes en...

251007

NOUS SOMMES EN…

Saison feuilles mortes

On est en France ou en automne ?

demande l’enfant

Nous sommes en… formule ambigüe à compléter par un lieu, une saison, une situation, etc. Ah, ce « en » qui tourne au zeugma !

Lieu géographique et saison ne sont pas de même nature sémantique mais sont néanmoins intimement liés.

Ici, au printemps austral, fleurissent les invitations, les salons, les livres nouveaux, les projets. Mais qui se soucie encore qu’octobre est printemps sur l’île tropicale, sinon les fleurs, les bourgeons, les semis qui lèvent et les iris bleu et blanc, flottilles pour mascaret d’un jour ?

Pour quelques heures, ou pour longtemps — l’orchidée phaelenopsis toujours épanouie —, qu’importe la durée pourvu qu’on ait la beauté !

Octobre fleuri

dire à l’enfant d’île australe

que l’automne est là ?

Aux élèves réunionnais, pourtant, on apprend les quatre saisons de l’Hexagone, de l’hémisphère nord ; elles sont inscrites aux programmes de l’école française. Les professeurs les situent-elles dans une période de l’année, à contresaison, emboutissant les têtes créoles — pas vraiment nés de gauloises — dans un système surréaliste, un cycle qu’ils ne peuvent observer localement ?

Partout autour de nous, éclate le renouveau, mes tomates grossissent, grossissent, alors que rallongent les jours.

Seules les fougères-carottes — Holà, traîtresses ! — se parent d’ors et de cuivres… pour un bref épisode, il faut le dire.

Déjà frondes nouvelles

narquoisement

se dressent

Le vent aussi, se croit encore en saison fraîche mais ses assauts s’amollissent. Brise d’été qui me ramène parfums de verts paradis d’enfance sous l’acacia, un tricot à la main.

Ou une broderie au fil coton perlé : fleurs et fruits déor, bien entendu, les modèles étaient décalqués sur des magazines de France. Comme nos dessins d’écoliers

Aujourd’hui, on doit dessiner des pommes et des cerises ; une sarabande de petits ronds au bout des crayons. C’était joli aussi. Vert et rouge. (Agnès Guéneau, Une île, un silence)

En mon jardin, « cerises à côtes » et mûriers, papayes oblongues et mangues aux formes a-géométriques… bientôt à déguster.

Carpe diem…

ils ternissent si vite

les feux du couchant