20 Décembre
VINGT DÉCEMBRE 2012
(VIN DÉSANM 1848)
Aujourd’hui, 20 Décembre, on commémore – on fête ! – l’abolition effective de l’esclavage sur notre île. C’était en 1848…
Quand même ça le temps l’a passé…
Cent soixante quatre ans écoulés, est-ce suffisant pour que se referment toutes les plaies subies et infligées ?
Peut-on concevoir violence plus violante, plus douloureuse, que celle de l’esclavage ? Peut-on imaginer plus lourde tache sur le nom de l’humanité que ce mépris, cette négation d’humanité affichés envers l’autre… son semblable, son frère. Oui, nous sommes tous semblables, tous égaux dans nos éclairs de bonté et dans nos iniquités quelles que soient la couleur de notre peau ou le continent qui nous a vus naître. Mais qu’y-at-il de plus insupportable que ce déni d’exister infligé par les sociétés esclavagistes !
Pour moi, c’est Fête aujourd’hui au-delà des pétards sans grande signification qui ont gâché ma nuit. C’est la plus belle Fête qui se puisse imaginer que celle de l’Humanité retrouvée.
Et c’est cette indignité, cet avilissement d’un système esclavagiste qui m’ont poussée à écrire « L’île du non retour », poèmes à la mémoire de ceux que l’on a dépouillés de leur mémoire et de leur nom. L’infamie de ce « code noir » est je crois ce qui m’a le plus traumatisé dans les affres de cette période esclavagiste qui nous a tous (blancs, noirs, in pë blan in pë noir) marqués sur cette île devenue lieu de métissages rédempteurs.
Pour quelques piastres… trente deniers,
marchandage sans vergogne
sur un banal marché,
tu m’as acheté.
Point après point, tu as défait
la robe d’humanité
le tissu aux brins serrés
que j’avais mis tant de lustres à tisser.
Tu m’as dénudé et tu m’as dit :
« Vois comme tu sembles laid ! »
D’une voix sans timbre,
d’un geste dérisoire,
je me suis rebiffé
rébellion d’insensé –
Je me suis drapé dans mon manteau de dignité
mais tu me l’as arraché, tu l’as piétiné
et tu as partagé ma tunique
avec les hordes de l’iniquité.
Alors, dans mon cœur pétrifié,
il n’est resté que la fureur
et l’impuissante
violence de tous ces cris intérieurs,
tous ces cris intériorisés…
(Monique MERABET)
Et c'est avec bonheur et émotion que je vous invite à découvrir sur le blog Tikaf, le cnant-cri magnifique de Patricia GRANGE: