Aux arbres citoyens!
La sécheresse nous touche durement cette année. A Saint-Denis malgré les orages annoncés, mon jardin ne voit que poussière et feuilles sèches.
envol d'un cardinal
grelot des feuilles sèches
du dracena
Voici ce qu'en dit Isabelle HOARAU dans un article publié au Courrier des lecteurs du Journal de l'île
Aux arbres, citoyens
Le sud souffre de la sécheresse, les rivières se tarissent, il ne pleut pas depuis des mois, un constat simple mais qui offre l’opportunité d’une prise de conscience de tous, en particulier des agriculteurs mais aussi des promoteurs de la bétonnisation à outrance de notre île !
La nature est un cycle fragile, tout est lié, la forêt, l’arbre et la pluie. Depuis le peuplement de cette île, l’homme a profité sans vergogne de la générosité de cette île, pillant, brûlant, déforestant…et coupant à tout va, les arbres. Il pleut au Port, dans l’Ouest et non dans le Sud. On a planté un parc boisé au Port… et cela a accru la pluie. Et dans le Sud ? Il y a des champs...des pâturages… qui ont soif. Même si l’île a gardé un couvert végétal important dans les Hauts, on ne peut que constater que la place de l’arbre dans notre île se rétrécit sans cesse. On ne compte pas un jour sans qu’un de ces piliers qui relient le ciel et la terre ne soit massacré, taillé sans pitié, ni respect, la tronçonneuse fait partie de ces engins de mort utilisés à tout bout de champ. Nos vieux arbres, notre patrimoine, un par un, disparaissent…Les haies entourant autrefois les champs ont disparu, les arbres qui ombrageaient les chemins et les routes ont trépassé. Lignes électriques et téléphoniques, chauffe eau solaire, tout est bon pour justifier la coupe en règle de tous les arbres qui faisaient de chaque maison, une oasis. Les jardins se font rares et la plupart des maisons ne sont plus qu’un carré de béton brûlant sous le soleil. Et quand il pleuvra à verse, l’eau qui ne trouvant plus assez de terre pour s’infiltrer, glissera sur tout ce béton ou ce goudron et engendra d’autres catastrophes…uniformisation des paysages, érosion des sols, appauvrissement de la terre, tous les éléments d’une mauvaise gestion de notre patrimoine terrestre sont là, véritables signaux d’alarme. Quand on voit ces sols en pente dénudés qui partent à chaque pluie et polluent le lagon, il y a de quoi s’indigner. Ne parlons pas des tonnes d’engrais qu’on déverse pour compenser la mort progressive des organismes vivants dans un sol épuisé. Cette terre qui a mis des années à se constituer, est emportée comme …fétu de paille, sans que personne ne s’émeuve. Que font tous ces techniciens agricoles pour juguler ce mal ? Quelle insouciance pour l’avenir ! La terre appartient à nos enfants…Les pauvres ! Dans le temps, on faisait des prières et des processions pour faire venir la pluie. Chacun faisait son examen de conscience…Il serait temps de s’y mettre et de s’adresser au ciel avec un peu moins d’orgueil et un plus d’humilité ! Car l’homme, grand prédateur de la nature, est bien fragile et il ne s’en rend pas assez compte ! Le ciel bleu sans nuage et le soleil brûlant sont nos signaaux d’alarme. La nature est notre maître, elle nous enseigne aujourd’hui qu’il faut changer nos comportements et agir chacun, comme le petit colibri qui apporte de l’eau pour éteindre le feu…
N’est il pas temps de réfléchir à ce que l’homme peut apporter dans le cycle de la vie ? Ne devrait il pas méditer sur sa place dans la nature, qu’il participe activement au cycle de l’eau, au lieu de pleurer sur son sort ? Chacun a sa part de responsabilité dans ce qui arrive. A vouloir trop, on finit par tout perdre. Y a-t-il une vraie réflexion de la part de nos élus pour garder l’eau lorsqu’il pleut…Il a plu des mois dans le sud, qu’est devenue cette eau ? Jetée à la mer ! On attend la catastrophe avant de se dire qu’il faut faire quelque chose. Quelles solutions proposent nos ingénieurs, nos techniciens de l’eau qui mesurent et alertent sur l’étiage ou l’épuisement des ressources en eau ?
Alors, aux arbres, citoyens, plantons des haies autour de nos maisons au lieu de ces murs de bétons horribles, ombrageons nos jardins, remplissons nos bords de chemin de beaux arbres, faisons de notre île un jardin, et surtout respectons nos grands arbres et demandons leur de prier avec nous pour la pluie !
Isabelle HOARAU