Avant... Après...
AVANT… APRÈS
Dans le ciel immobile, les cirrus se poursuivent. Début de poème ? de haïbun ? de haïku ?
Haïku.. hum ! Mais on va crier à l’oxymore… qui « on » ? Quel « censeur » contrôle mes créations ? Sinon moi-même… Pourquoi me poser des limites, pourquoi craindre de ne pas respecter… respecter quoi ?
Faut-il s’auto censurer quant à la forme alors que la pensée qui génère le haïku se meut, libre? Comment traduire autrement cette sensation de mouvement qu’évoquent les filaments évanescents des nuages ?
En y réfléchissant, n’est-ce pas plutôt l’immobilité qui n’est qu’apparente, trompe-sensation ? Il y a toujours des courants qui agitent l’air au-dessus de nos têtes.
Maman les p’tits nuages qui vont dans l’ciel
Ont-ils des ailes ?
Mais oui mon gros bêta
S’ils n’en avaient pas
Ils n’avanceraient pas.
Et puis, les nuages se déforment, se transforment, finissent par disparaître. Et cette succession de changements d’états allant jusqu’à la sublimation, jusqu’à l’anéantissement est aussi, est – suprêmement – mouvement.
Les seuls éléments vraiment fixes de mon environnement, sont ces inertes bétons… et le pauvre moignon qui reste du cocotier étêté et qui me saigne la vision chaque matin que je le vois.
Bien sûr, tout finira par se désagréger, et le tronc amputé, et le béton des cités. Mouvement donc, là aussi, même s’il échappe à mes sens, s’il ne se mesure qu’à l’aune du temps.
Je ne perçois que les mouvements finis de l’espace, ceux qui offrent à mon champ de vision limité un avant et un après.
Et mon haïku dans tout cela ?
(avant)
Ciel immobile
des traînes de cirrus
se poursuivent
Hou ! La vilaine redondance, susurre mon autocenseur : traînes et cirrus ! Corrigeons…
(après)
Ciel immobile
des cirrus
se poursuivent
De la brièveté avant toute chose… de la fluidité aussi mais là mon correcteur intégré fait ce qu’il peut !
(Monique MERABET, 16 Janvier 2013)