Carnets de vacances (10)
MIGNONNE ALLONS VOIR SI L’IRIS…
Par delà les montagnes sombres qui entourent Saint-Denis, la crête toute illuminée d’un rempart. Le monde a repris couleur de dimanche. Et moi, je retrouve son silence si particulier rempli de chants d’oiseaux.
Il y a toujours interaction entre moi et le temps qu’il fait, entre moi et le paysage. Et quand je dis « moi », je fais trop souvent référence à l’influence négative de mes états d’âme, la mauvaise part, celle qui regrette, qui nostalgise…
Ciel gris d’Août
premier iris
en bleu et blanc
me demander soudain
quand sera le dernier
Ainsi mon regard sur ce premier iris éclos vendredi. Première fleur, émouvante dans sa nouveauté, premier éclat d’un printemps. J’aurais dû chanter la joie de son harmonie…
Hélas ! Mon moral était au trente sixième dessous après ces retrouvailles de quatre cousines éplorées, aux voix étouffées autour d’un cercueil…
Sur le seuil de sa maison
Le Seigneur t’attend
… t’attend… nous attend… et l’effet rebond d’autres deuils, d’autres absences…
Alors cet iris – qu’il me pardonne mon accueil larmoyant ! – je n’ai pu m’empêcher de le projeter au temps du dernier iris, occultant tous les moments de glorieuse floraison à vivre entre printemps et été.
Raccourci soudain trop raccourci de notre existence : naître et mourir… comme si tout ce qui a été, qui est, qui sera n’était pas essentiel. Honte à la piètre mathématicienne que je suis pour avoir oublié qu’entre les bornes d’un intervalle, se niche l’infini.
J’ai voulu changer ma vision des choses, persuadée qu’un haïku (surtout celui d’un premier né) devait porter joie… J’ai essayé mais j’ai découvert cette deuxième fleur, piétinée au moment où la radio de la voisine débitait son horoscope quotidien…
Chemin du chien
le premier iris
n’a pas bon horoscope
Un haïku peut-il être triste ? Question inutile ! Aujourd’hui, c’est dimanche. Mignonne allons voir si l’iris…
Nouvel iris ?
saluer le liseron
au passage
(Monique MERABET, 26 Août 2012)