Carnets de vacances (3)
LE CIEL DU PÉROU
Ce bleu marine
au-dessus de l’église
un autre ciel ?
Je dis parfois que chez moi, ce sont les nuages qui voyagent. Et qu’il me suffit de les suivre ; en quelque sorte, je n’ai qu’à cueillir les impressions de leurs secrets carnets de vacances, connus de moi seule. Hé ! J’en ai le droit… Ce sont mes nuages, après tout.
Hier pourtant… pas un nuage au ciel de midi, du côté de la cathédrale de Saint-Denis, un sobre bâtiment tout de blanc repeint.
Et ce bleu que je ne saurai définir, décrire, un bleu oscillant entre le bleu marine et l’outre-mer avec une pointe de violet. Un bleu qui me rappelle… quoi donc ?
Place de la
cathédrale
les troncs tarabiscotés
me racontent…
Au départ, j’avais eu l’intention d’aller admirer l’allure tourmentée des arbres de la place, de me plonger dans les plis ombreux de leurs écorces. Je voulais aussi retrouver le charme de la vieille fontaine où les canards patinés crachent et recrachent indéfiniment la même eau aux reflets toujours renouvelés lorsqu’elle réapparaît.
Becs forgés
des canards de la fontaine
jaillit la lumière
Et puis, je suis restée plantée là, fascinée par le bleu insolite du ciel, presque tétanisée, incapable de faire les quelques pas qui me mèneraient sur le parvis. Peut-être est-ce ce grand Christ en fer lui aussi qui m’en a dissuadé ? Je le voyais de dos avec juste un bras m’indiquant la direction de l’azur seul digne d’être regardé. Je n’aime pas les représentations trop figuratives du Christ en croix. Drôle d’attachement des chrétiens pour cette image d’éternel agonisant, eux qui prétendent voir en lui le Ressuscité.
Tout au long de la journée, tournent, tournent dans ma tête… et le Christ, et l’église, et le ciel…Le Christ, l’église, le ciel…
Voilà ! C’est au Pérou que j’ai vu ce bleu incroyable ; c’est au Pérou, il y a quarante ans ! Ce que retient le filtre de ma mémoire : la prégnance du fait religieux avec ces églises (moins sobres que ma cathédrale réunionnaise), ces statues, ces processions jalonnant mon itinéraire péruvien jusque dans les moindres bourgades.
(Monique MERABET, 8 Août 2012)