Carnets de vacances (7)
CLIN D’ŒIL
Les matins d’hiver se ressemblent : petite pluie fine et vent. La nature en attente de printemps.
J’ai l’impression que les iris se retiennent encore, espérant le premier matin calme pour sortir en gloire.
Un bourgeon d’amaryllis pointe son nez depuis hier. Il sera là pour ma fête ? J’aime bien relier les événements saisonniers à ceux qui me sont plus personnels.
Le cardinal bourru est encore là ce matin. Cette fois, les conditions ont changé : pas de cocotte retournée… le riz est disposé dans une petite marmite. Que va-t-il faire ?
Il se pose sur le rebord du paravent, son œil rond évalue la situation. Pas de rival aujourd’hui ! il plonge droit vers le riz, en extrait un grain et… le voilà encore en bataille posté devant la gamelle. Et tape et tape ! Il doit se dire que son rival a vraiment du culot : non content de le provoquer, il a lui a chipé de sa nourriture….
Mais il n’insiste pas ; son reflet d’aujourd’hui est réduit par une surface plus petite et le soleil ne vient pas encore l’éclairer en plein.
Il s’envole avec son grain. Je me demande soudain s’il ne se contentait pas de m’adresser un clin d’œil facétieux et affectueux, finalement…
L’ami cardinal
il aime mon riz – peut-être
m’aime-t-il aussi ?
Au loin, la rumeur des débroussailleuses semble venir des quatre coins de la ville. On élague, on élague, c’est de saison !
Grand vent aujourd’hui
ils ont encore
abattu un arbre !
Ici, ils ont une façon de décapiter les arbres, de les mutiler qu’on a l’impression qu’il n’en reste que des moignons. Ainsi ce bouquet d’arbres (flamboyants ? J’ai peine à les identifier) entraperçu dans la cour du Collège, à la coupe au ras pour la rentrée… et, ce minuscule oiseau qui se balance sur une ramille encore pourvue de quelques feuilles. Cela me donne des envies de haïku. Mais comment le dire ? Je préfère dans ce cas proposer un tensaku :
Les arbres rasés
un minuscule oiseau
sur la ramille oubliée
… ou une version en Kréol que j’aime mieux parce que le créole étant une langue naturellement imagée, je peux arriver à exprimer plus complètement ce que je ressens.
Bann piédboi o ra les arbres rasés
ti guiguine zoizo-la ce minuscule oiseau
la trouv in zig pou pozé a trouvé une ramille où se poser
Amis haijins, j’attends vos avis et propositions… Merci !
(Monique MERABET, 18 Août 2012)
PS: et la photo où est-elle??
PHOTO D’IRIS
EN ATTENTE
D’ÉCLOSION
Lundi, 20 Août
La proposition de Monika: un excellent tanka:
pour la rentrée
coupé au ras le bouquet
de flamboyants
sur une ramille oubliée
l'oiseau minuscule
et celle de Danièle:
taille sévère
sur la ramille épargnée
l'oiseau minuscule
La ramille épargnée? Voilà qui apporte un peu d'humanité et de poésie chez ces barbares "élagueurs"!
Et le mouvement de Patricia:
coupe de rentrée
l'oiseau se balance
sur la ramille épargnée