Chambre (14)
(image Flickr)
LE SOT DE CHAMBRE
(Claude GUILLON-LABETOULLE)
Entre ses petits camarades qui le chambraient
Et sa femme qui menaçait de faire chambre à part
Il se sentait, il se sentait….
Comme une chambre à air dégonflée
A cent mètres de l’arrivée
Le ministre piteux, victime des cafards.
Ceux qu’il avait tant aidés, tant servis
Le défendaient avec trop d’énergie
Suggérant sa mise au rancard.
Il se sentait coincé comme une balle
Dans la chambre d’un vieux pétard,
Comme la chambre de chauffe
D’une locomotive qui s’emballe
A la limite de l’explosion.
Bien briffés, les médias attitrés
Se déguisaient en chambres d’échos
D’où ne coulait qu’un magma déformé.
Il se sentait de plus en plus grillé
Et contemplait d’un œil inquiet
La Chambre des Députés pousser le tribunal
A se transformer en Chambre Ardente.
Il se sentait laminé, pulvérisé…
Réussites et gloires affichées
Se muaient en fumée opaque
Déposée sur la plaque
De la chambre noire d’un photographe suranné.
Il se sentait comme un monte en l’air
Piégé dans une chambre d’hôtel
Anticipant les effluves pestilentiels
D’une chambre mortuaire,
Oppressé par l’angoisse de connaître
Une minable chambre de dégrisement.
Il se sentait comprimé
Comme le carburant dans la chambre de combustion
Juste avant la mise à feu.
Il se sentait si loin de la musique de chambre
Des soirées distinguées, des soupers raffinés
Lui qui croyait détenir les clefs
De la chambre forte du royaume.
Moqué, vilipendé, il se ratatinait
Se surprenait à rêver, à s’imaginer
Enveloppé d’une vieille robe de chambre
Pour cesser d’exister dans le secret ouaté
D’une anonyme chambre de bonne,
Loin de tous ceux qui ont oublié
Que Matignon ou l’Elysée
Ne sont que des chambres d’hôtes
Simples antichambres d’une éternité qui se fait désirer !