Chemin d'écriture

Publié le par Monique MERABET

 

 

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CHEMINS D’ÉCRITURE

 

 

 

L’écriture évolue ; du moins mon écriture évolue, celle de la poésie surtout.

Dernièrement, j’ai ressorti quelques sonnets pour mon blog, afin de marquer un événement, d’illustrer un haïbun, de proposer un écho à un blog ami…

Comme ils me semblent artificiels pour ne pas dire ampoulés ! Mais c’est un peu la loi du genre et c’est ce que je retrouve chez beaucoup de poètes contemporains qui se contentent de célébrer la beauté. Je m’inclus dans cette mouvance, bien entendu. La recherche constante d’une rime riche, le respect d’une métrique exigeante conduisent à de beaux textes bien léchés, bien polis… et qui suscitent l’admiration, chapeau, l’artiste !

Mais il n’en demeure pas moins que la plupart d’entre eux sont un peu vains, un peu vides. Tout le monde n’est pas Baudelaire !

La poésie de forme classique confère aussi au poète un statut anoblissant celui qu’on imagine, à son bureau, retouchant, raturant, consultant ses dictionnaires afin de polir le poème-diamant le plus étincelant possible, bref, accomplissant un vrai travail. Je n’utilise pas le mot « labeur » car l’écriture poétique qui permet de jouer avec les mots, avec leurs sens est source de plaisir et non de peine… du moins pour moi.

Rien à voir en tout cas avec la spontanéité des griffonnages (supposés) des  haïjins !

 

L’oiseau… là !

au dos du ticket des courses

mon haïku

 

 Le haïku est tellement plus riche, plus vrai, plus partageux avec ses non-dits, ses non-répétitions…

J’en veux pour preuve mon texte « Flânerie sur quelques vers* » et le haïku que m’a offert en échange l’ami du blog d’à côté, sur le même thème :

 

Flottant dans

l’air, ces quelques mots

inconnus

(m.o.p    link)

 

 

Ma préférence va au haïku…

Cela dit, je ne renie rien de ma quête poétique. Á chaque étape de ma vie de poète, j’ai découvert une forme d’écriture me permettant d’avancer, d’aller aussi loin que je puisse le faire vers le partage de ce qui est beau, de ce qui est bon en ce monde.

Jusqu’au cri, jusqu’au chant, jusqu’à la prière… et le silence en contrepoint.

 

Sans rien dire

une abeille au cœur

du jasmin

 

(Monique MERABET,18 Juin 2012)

 

*... que vous pouvez retrouver sur Patpantin: Flânerie...

Publié dans Echanges entre blogs

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M
<br /> @ Monique : Merci beaucoup pour tes conseils et la métamorphose de mon petit tercet-chenille en un très beau haïku-papillon.<br /> <br /> <br /> Les échanges ici m'ont inspirée dans la soirée d'hier et j'ai écrit des presque haïkus et ce billet sur mon blog : http://www.papillonsdemots.fr/2012/06/21/page-de-carnet-pour-celebrer-lete/<br />
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M
<br /> @ Monika : merci beaucoup pour ce commentaire instructif et encourageant !<br /> <br /> <br /> Concret et stimulation des sens, oui je pense que ce sont des essentiels du haïku.<br />
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M
<br /> @ Mariposa<br /> <br /> <br /> lisant avec intérêt vos commentaires, je me permets d'y ajouter mon grain de sel :<br /> <br /> <br /> Je trouve que vous avez déjà débusqué un certain nombre de pièges à éviter dans le haïku : les métaphores, les réflexions, les comparaisons, les généralisations, les abstractions... J'y<br /> ajouterais l'envie de "faire joli", l'envolée lyrique si chère à la poésie traditionnelle française et l'empressement de "fournir l'explication" au lecteur (à qui on ne fait souvent pas assez<br /> confiance).<br /> <br /> <br /> Quant aux images : à mon avis, elles ne sont pas à proscrire, aucunement. Au contraire : nous en avons drôlement besoin, pourvu qu'elles soient concrètes ! J'ai entre autres retenu de mes<br /> apprentissages du haïku (faits surtout à Baie-Comeau, auprès de Francine Chicoine) qu'un haïku donne à voir (ou à entendre, à sentir, à goûter, à palper...). La<br /> "concrétitude" est pour moi un des éléments essentiels du haïku (nécessaire, mais... pas suffisant ! )<br />
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M
<br /> <br /> Très juste ce que tu dis là, Monika. J'approuve entièrement.<br /> <br /> <br /> <br />
M
<br /> En effet, la difficulté d'écriture n'est pas la même. Je pense que ma principale difficulté réside justement dans le fait de "désapprendre", d'oublier la façon d'écrire traditionnelle occidentale<br /> d'un poème. Ne pas laisser de place à l'image par exemple est très difficile pour moi dont les poèmes, même les plus courts, sont toujours chargés d'images, de métaphores. Il y a aussi parfois<br /> trop de réflexion derrière mes mots, trop d'idées que je veux faire passer. Pas assez de spontanéité en quelque sorte. Mais ça vient doucement. J'ai encore beaucoup à apprendre et le haïku est<br /> aussi un chemin de philiosophie, apprendre à se dépouiller du superflu pour aller au coeur de l'essentiel. Juste l'observation, juste la sensation ou le ressenti du moment, sans en dire trop.<br /> Cela viendra avec l'expérience je pense. Et l'apprentissage continu de l'écriture.<br /> <br /> <br /> J'ai cependant la chance d'avoir un ou deux petits haïkus publiés dans des anthologies où tu es également publiée Monique : "La lune dans les cheveux" aux Editions Liroli et "Quel animal"<br /> toujours aux éditions Liroli où mon haibun "Elle" faisait partie de la présélection du prix de l'année dernière.<br /> <br /> <br /> A peine je pense l'effleurer<br /> Que déjà il s'est envolé<br /> Papillon le haïku<br /> <br /> <br /> (Et voilà, j'ai encore trouvé le moyen d'y glisser une image !)<br />
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M
<br /> <br /> Un chemin de philosophie! C'est bien ainsi que je conçois la pratique du haïku. Mais je ne doute pas que tu sois déjà bien engagée sur ce chemin... Tu possèdes une qualité indispensable pour<br /> progresser: la lucidité.<br /> <br /> <br /> Pour ton haïku proposé je te propose l'élagage suivant<br /> <br /> <br /> à peine effkeuré<br /> <br /> <br /> le papillon s'envole<br /> <br /> <br /> - mon haïku<br /> <br /> <br /> Ce n'est qu'un essai tout personnel, bien sûr...<br /> <br /> <br /> <br />
M
<br /> Je suis tout à fait d'accord avec toi Monique. J'ai suivi un peu le même chemin jusque là. J'ai commencé (amoureuse de Baudelaire et des poètes maudits) en écrivant des textes classiques bien<br /> léchés mais qui aujourd'hui me paraissent dénués d'intérêt. Je me suis trouvée dans le vers libre. Et aujourd'hui, je remarque que j'écris de plus en plus court et souvent des tercets. Le haïku<br /> se dérobe encore à moi car il me semble tout de même qu'un haïku réussi, bien que paraissant très spontané, requiert énormément de travail, peut-être autant parfois que pour un texte classique.<br /> Mais je me rapproche de lui.<br />
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M
<br /> <br /> En voilà un de ces signes forts qui jalonnent ma vie de poète. C'est formidable que tu arrives ainsi à point nommé pour enrichir les réflexions suscitées par la rencontre avec le haïku. Et comme<br /> tu dis ne pas être encore entrée dans l'univers haïkiste, ton envie de "faire court" est fort intéressant.<br /> <br /> <br /> J'espère pouvoir lire bientôt de tes haïkus. En ce qui concerne la difficulté d'écriture, je crois qu'on ne peut pas en juger comme pour un texte classique. La démarche n'est pas la même: en<br /> haïku pas de rime ni de belles images à rechercher. Le haïku s'écrit dans la spontanéité mais c'est comme pour le bon vin: il faut prendre le temps de le laisser "mûrir" se bonifier. Les miens<br /> sont en constante phase de réécriture; mais souvent, c'est en les confrontant au regard d'autres haijins, en lisant aussi les productions des autres qu'on arrive à rendre ses haïkus meilleurs.<br /> <br /> <br /> <br />
M
<br /> Même constatation que toi, Monika. C'est tout simplement parce que nous sommes devenus des autres personnes. Et le bref est toujours plus porteur que le compliqué.<br />
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M
<br /> <br /> A Marcel, Monika<br /> <br /> <br /> Oui, bien sûr, nous sommes tous les trois sur la même longueur d'onde. La pratique du haïku nous change et comme vous je n'écris plus de poésie classique sauf pour le bonheur de jouer avec les<br /> mots. Mais je sais que mon sonnet par exemple ne sera qu'une célébration de la beauté et n'aura pas la faculté de s'ouvrir à l'imaginaire de quelqu'un d'autre.<br /> <br /> <br /> Cela dit, j'écris toujours des poèmes mais mon écriture poétique a été complètement chamboulée et je m'attache davantage à évoquer des ressentis plutôt que de "développer" un sentiment.<br /> <br /> <br /> Vive le haïku!<br /> <br /> <br /> <br />
M
<br /> J'arrive un peu en retard dans cette discussion, mais j'ajouterai quand même mon grain de sel.<br /> <br /> <br /> Je trouve intéressant que plusieurs haïjin sont arrivés au haïku après avoir expérimenté d'autres genres littéraires (c'est aussi mon cas). Sans nécessairement renier mon écriture "d'avant", j'ai<br /> constaté qu'avec l'écriture du haïku, je me retrouve maintenant avec une sorte d'incapacité d'écrire autrement que "très bref". Est-ce une expérience partagée ? Et si oui :<br /> comment on l'expliquerait ?<br />
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M
<br /> <br /> Je suis heureuse de partager avec toi cette évolution. Pour moi aussi il y a un "avant" et un "après" haïku. Maintenant, je n'écris pas que du "très bref" dans mes poèmes d'après... C'est<br /> l'écriture de haïbuns (on reste dans le court quand même) qui me permet de sauter d'un thème à un autre dans un même poème. La technique du renku me séduit beaucoup aussi et elle permet de<br /> juxtaposer des tercets et des dystiques... à l'infini. Oups!<br /> <br /> <br /> <br />
D
<br /> Tiens, tiens... Mon commentaire avalé.<br /> <br /> <br /> Je disais que j'étais bien d'accord avec toi : rien d'ampoulé dans le haïku, ce qui le rend si attrayant.<br />
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M
<br /> <br /> Vive le haïku!<br /> <br /> <br /> <br />
D
<br /> Magnifique, la photo !<br />
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M
<br /> <br /> Merci Danièle. Le nom créole de la plante est ti baobab<br /> <br /> <br /> <br />
M
<br /> Pas de souci(s), Monique ! Je suis passé aussi par ces chemins de l'écriture, de quoi apprendre à se connaître. De toute façon, les diverses "formes" de poésie ne sont pas comparables, car<br /> appartenant à des époques différentes, à des auteurs aux tempéraments différents. L'âge étant venu - pour moi -, une envie de plus en plus grande de faire bref. Pense à la magnifique<br /> démonstration du théorème de Pythagore en utilisant la géométrie vectorielle ! en deux temps, trois mouvements !<br /> <br /> <br /> +<br /> <br /> <br /> silence<br /> <br /> <br /> silex taillé<br /> <br /> <br /> à vif<br /> <br /> <br /> +<br /> <br /> <br /> Et la Vérité, c'est que personne ne détient cette Vérité, seulement des vérités partielles, et encore !<br /> <br /> <br />  <br />
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M
<br /> <br /> Pythagore et le haïku.... Merci de m'y avoir fait pener. Oui, c'est un peu ça pour l'expression poétique: on s'acharne à versifier en respectant des contraintes laborieuses alors qu'ave le haïku,<br /> en trois lignes, on adit et non-dit bien plus que dans un sonnet.<br /> <br /> <br /> En parlant de géométrie vectorielle, moi c'est le théorème de Thalès (la bête noire des potaches) qui devient d'une simplicité enfantine!<br /> <br /> <br /> <br />