Chez (et transports?)

Publié le par Monique MERABET

CHEZ LUI

 

 

 

 

Revoir les cactus

même sans fleurs

la nature

offre parfois des merveilles

- toujours, rectifie l’enfant

 

Ce matin de lundi se construit à partir des souvenirs de la belle balade de ce dimanche. Hier donc, échappée belle au Conservatoire Botanique de Mascarin. Élisa, 8 ans, découvre ‘les saisons ». le jardin a changé depuis sa dernière visite. Mais tout est si beau quand même.

Soudain, dans la lumière douce de cette fin d’après-midi, je l’aperçois… tache verte sur le rebord du bassin.

Chut ! Chut ! Á contre-sens des derniers visiteurs se dirigeant vers la sortie, nous l’avons suivi, Elisa et moi, les yeux fixés sur sa démarche claudicante, sur son invraisemblable silhouette comme découpée dans de la tôle peinturlurée de couleurs criardes.

Il me fait penser à ces transports décorés dans certaines régions de l’Inde ou d’Amérique latine ; ils portent au fronton des divinités, des personnages, des animaux-totems. Mais je doute que ces camions, que ces bus osent afficher en façade cet « endormi », ce caméléon-pays célèbre sous nos cieux par la lenteur avec laquelle il se déplace.

Il déambule sous nos yeux ravis. Et sa démarche saccadée me rappelle aussi ces jouets automates qu’on met en marche à l’aide d’une clé.

Depuis toujours, il m’a fascinée, cet étrange animal à la limite du réel, de l’onirique, du fantastique. J’ai presque envie de toucher pour m’assurer qu’il existe vraiment.

 

Fin d’après-midi

suivre pas à pas  landormi

et son ombre

 

Loin de chez lui, il est vulnérable ; il regarde ces étranges compagnons qui s’obstinent à le poursuivre… plus près… encore plus près. Il rêve d’atteindre le couvert des arbres, de retrouver un chez-soi où il pourra se camoufler efficacement, échapper à la curiosité voyeuse de mon appareil photo. Là, à nu, sur cette margelle de béton, il ne sait plus quelle teinte choisir. Il s’est mis en vert, la couleur de son monde habituel, la couleur des feuillages dans lesquels il peut se fondre.

 

Le vert du caméléon                                             Bèl bèl landormi

au bord du bassin                                       i aguète dann fon basin

il va sauter ? dit Elisa                                            lï sar larg son kor ?

 

Par bonheur, la foule des touristes a suivi un autre chemin, sans se douter de la merveilleuse scène se déroulant à deux pas. Nous avons essayé de ne pas trop le perturber, l’ami caméléon. Mais, à bien regarder la photo que j’ai eu tout le loisir de faire, je crois qu’il n’a pas vu d’un bon œil notre intrusion chez lui…

 

(Monique MERABET, 5 Mars 2012)

 

 

 Monique-1149.jpg

 

Publié dans Haïbuns

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
M
<br /> +<br /> <br /> <br /> son oeil<br /> <br /> <br /> regarde l'ailleurs<br /> <br /> <br /> inconnu<br /> <br /> <br /> +<br /> <br /> <br /> (tout beau landormi)<br />
Répondre
M
<br /> <br /> J'aime beaucoup. c'est sûr que c'est son oeil (et, du coup, son regard) qui a retenu mon attention.<br /> <br /> <br /> <br />
M
<br /> Wow! Un caméléon ! tout vert ! non, mais ... ça s'balade comme ça chez vous, dans le Jardin Botanique ?! Et tu as pu le photographier ! Génial ! Elle a bien raison, Elisa, de dire que la nature<br /> offre toujours des merveilles - mais de telles merveilles sont certainement rares, même chez vous, non ? Il est comme un mini-dragon, n'est-ce pas ? Cute ! (comme disent les gens ici -<br /> quand ils veulent dire mignon !<br /> <br /> <br /> P.S.<br /> <br /> <br /> Le terme créole landormi - est-ce que littéralement ça veut  dire "l'endormi" ? Et si oui : est-ce que ça indique qu'il a une personnalité une peu indolente ?<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br />  <br />
Répondre
M
<br /> <br /> Exactement: lanormi c'est l'endormi et il va très lentement... C'est pour cela que j'ai réussi ma photo!<br /> <br /> <br /> <br />