Dimanche, on tourne... les pages (23)
LES MÉMOIRES D’UN ÉLÉPHANT BLANC
(Judith GAUTIER)
Voilà un petit bouquin qui m’a aguiché par sa couverture rouge coquelicot et surtout par le grain du papier de la jaquette. Je ne saurais le dire assez, un livre n’est pas qu’un assemblage de mots plus ou moins réussi ; un livre est un objet qui nous touche par tous les sens.
Pour « Les mémoires d’un éléphant blanc », c’est le toucher donc qui m’a séduite. L’histoire aussi, celle des aventures d’un éléphant et d’une princesse indienne, évoquée en quatrième de couverture.
Et j’ai succombé au charme un peu vieillot de cette Inde de pacotille (où l’auteure n’a jamais mis les pieds !), de cette morale très « de bonne famille » du XIXe siècle, de cet anthropomorphisme sentimental prêtant à l’éléphant des pensées trop humaines. Judith Gautier (1845 – 1917) était la fille de Théophile Gautier et son écriture est bien ancrée dans son époque avec tous les poncifs que cela occasionne…
J’ai aimé me replonger dans l’univers des contes qui ont bercé mon enfance… il y a cinquante ans ! Le conte de Judith Gautier se déroule au royaume mystérieux de Golconde qui n’est qu’une ville en ruines depuis le XVIe siècle. Une bonne manière de faire voyager l’imagination.
J’ai aimé aussi cette écriture fluide et simple et non simplifiée sous prétexte que l’on écrit pour des enfants.
Et puis, je l’avoue, je suis toujours sensible aux « bons sentiments » et j’apprécie qu’une histoire finisse bien. Je ne suis pas une fanatique de « La petite sirène » ni de « La petite fille aux allumettes ». Une petite larme de temps en temps, oui, mais d’émotion, pas de désespoir.
Et je me demande ce que penseraient les enfants d’aujourd’hui, gavés d’images de ce livre sans illustration. De la lecture, rien que de la lecture, pour le bonheur des mots.
Il faudrait que je trouve des enfants (petites filles de préférence) acceptant de faire l’expérience de cette lecture.
(Monique MERABET, 1er Juin 2013)