Dimanche, on tourne... les pages (25)
Écouter les heures
(Danièle DUTEIL)
Prix du Livre haïku 2013 (de l’Association pour la promotion du haïku)
à Danièle Duteil
la nuit
de grandes plages vides
écouter les heures
Merveilleux titre pour un recueil de haïkus : écouter les heures, les instants qui passent… Moi aussi, chère Danièle, je suis une « écouteuse » d’heures du jour, de la nuit, par n’importe quel temps. C’est dire si j’ai trouvé, à te lire, un dense réseau de résonnances avec mes propres ressentis.
Peu importe que nous habitions des univers opposés et que tes haïkus soient si fortement empreints des embruns salés de l’île de Ré, peu importe que tes oiseaux ne soient pas les miens et tes saisons à l’inverse des miennes ! Ce qui nous rapproche c’est l’intériorité qui nourrit ces textes et ta façon si subtile de la laisser transparaître dans tous ces petits brins de vie rencontrés sur ton chemin, dans toutes ces rencontres.
Et grand est le bonheur de lecture que procure ce recueil ! Découvrir ces haïkus limpides et fluides qui disent, pêle-mêle, la pluie et le beau temps, qui disent les fleurs inconnues et la maison des grands-parents, la lune blanche et le café brûlant, c’est partager tout ce qui donne saveur, douce ou amère, à ces heures écoutées… ces moments d’émotion et de tendresse que nous réserve l’existence jusque dans ses replis les plus secrets.
Instants de mélancolie aussi lorsqu’affleurent les souvenirs. Mais toujours, en filigrane un amour indéfectible pour la vie qui va, pour la vie qui bat. Et comment mieux exprimer toutes ces nuances, sinon par la magie du haïku ?
Je te cite (extrait de la quatrième de couverture)
« Insensiblement, le haïku me séduit, me subjugue, m’enchante. De jour en jour son charme opère un peu plus. »
Nul doute que ce charme agira sur l’âme de tous ceux qui auront le privilège de lire tes haïkus, Danièle. Les lire et… les relire car comme chacun sait, une perception peut en cacher une autre, un ressenti peut jouer au rebondir de l’auteure au lecteur et grâce à ton écriture déliée, passer la frontière si ténue séparant des sensibilités différentes mais si semblables dans leur humanité.
Merci pour ces petits bijoux qui m’accompagneront dans mon quotidien, qui feront écho à mes propres haïkus.
Et le choix de celui-ci (page 34) que je partage avec toi, ce soir…
pluie pluie pluie pluie pluie
sur le mur blanc du salon
un gros mille pattes
(Monique MERABET, 23 Juin 2013)