Envie de lire (21)
QUELQUES GRAINS DE RIZ
(Huguette Ducharme / Monika Thoma-Petit)
Présentation Editeur :
Renku libre, suite de haïkus où deux voix s’expriment avec beaucoup de sensibilité.
Ce recueil a obtenu le « prix du livre de haïku » décerné en 2011 par l’Association pour la Promotion du Haïku.
Mon avis
Beaucoup de charme et de spontanéité dans ce dialogue à deux voix. En première lecture, j’ai fait l’impasse sur un indice nous permettant de distinguer les haïkus de Monika Thoma-Petit de ceux de Huguette Ducharme. J’aime cet effet de brouillage, un peu comme si on écoutait une conversation sur fond de brume.
Finalement, le haïku se prête bien à cet échange, ce « renku libre » comme dit Monika Thoma-Petit dans son avant-propos. Et, toujours dans cet avant-propos : « on dit que le haïku est un art social. Il m’arrive de penser que c’est dans la pratique du renku que s’exprime le mieux ce trait caractéristique du plus petit poème au monde.
On saute ainsi d’une idée à une autre, d’une image à une autre sans jamais s’ennuyer. Et tant pis, tant mieux si le lien établi par les deux auteures est interprété différemment, détourné peut-être de l’idée initiale.
L’interactivité de mise entre auteur et lecteur de haïku joue à plein : on savoure séparément les deux tercets, on s’amuse à imaginer ce qui les a réunis. Et puis quand on a le bonheur d’écrire soi même des haïkus, on ne peut résister à la tentation de glisser ses propres mots, d’y ajouter sa voix…
D’ailleurs cette mise en page aérée, avec ce bout de page blanche entre les deux haïkus présentés, n’est-ce pas une invitation à participer au monde des deux auteurs, monde familier, quotidien de la vie qui court dans nos cœurs de femmes tellement semblables d’une rive d’un Océan à l’autre.
Par exemple :
Entre : je suis en retard
ouit – ouit- ouitouitouit
crie un cardinal ( M. Thoma-Petit, Quelques grains de riz, page 30)
Et : le ciel libre
entre les branches noueuses
silence entre nous (H. Ducharme, Quelques grains de riz, page 30)
J’ai intercalé un des miens :
battement d’ailes
j’ai eu tort de chanter
avec l’oiseau
Bien sûr, ma « collaboration » c’est surtout l’occasion pour moi de reprendre le recueil, de détacher un de leurs haïkus, de le déguster mot après mot, d’en découvrir à chaque fois une nouvelle facette, de m’ouvrir un ailleurs encore insoupçonné. Merci à Monika et à Huguette pour ces petits bonheurs et félicitations pour ce prix attribué par l’Association pour la Promotion du Haïku.
Pour se procurer le recueil : www.lulu.com