Graines, gousses, épis, etc. (1)
UN SAMEDI AU LAZARET
Samedi 26 Mars.
Les amateurs d’écriture de Patpantin ont choisi le site du Lazaret de la Grande Chaloupe pour leurs lectures.
La Grande Chaloupe… on y accède aisément par une bretelle de la route en Corniche. Une route bétonnée s’enfonce au cœur d’une étroite vallée, une enclave enfouie entre océan et montagnes. Difficile d’accès par le passé. Seule une route rocailleuse y mène du côté montagne, le Chemin des Anglais, réservé aux randonneurs confirmés.
Au temps du chemin de fer, le ti-train s’y arrêtait et la gare est toujours là…
On comprend le choix de cette étroite bande de terre à proximité de Saint-Denis pour y implanter ce lazaret, point de mise en quarantaine pour les engagés venus d’Inde ou de Chine pour travailler aux champs de la Colonie.
Les murs des vastes bâtiments restaurés ou en cours de restauration retracent l’histoire mouvementée des hommes et des femmes venus de lointains horizons et qui ont engendré la Réunion d’aujourd’hui.
Murs du Lazaret –
la petite métisse
devant ses ancêtres
Tout à côté un joli petit coin ombragé, à l’herbe moelleuse. Ce serait un lieu de pique-nique idéal si… ce n’était un cimetière comme l’attestent les tombes curieusement rangées en rond sous les arbres.
Aussi voilà toute la troupe qui s’égaille sur le petit chemin menant au hameau de quelques cases en tôle, à la recherche d’un arbre à pique-nique.
La mer, la montagne
étroite langue de terre
mon kër i sèr
Les enfants vont devant… Les rires joyeux se mêlent aux gazouillis des oiseaux.
Inn parti lo rir-
ti flër galabèr fané
dann shovë bann fiy
Quel que soit le sentier emprunté, dans les Hauts, dans les Bas, les galabèrs offrent à profusion les petites étoiles colorées dont aucune petite fille ne résiste à l’envie de se parer. Mais les fillettes ne sont pas les seules à se livrer à la cueillette.
Nous sommes encore en Mars et la végétation de zone littorale sèche n’a pas encore pris sa teinte uniforme de paille. Et la balade se fait flânerie botanique à s’extasier devant toutes ces teintes délicates qui réjouissent les yeux : bleu clair, bleu profond, pourpre des corolles aux allures de papillons ; camaïeu de roses des corbeilles d’or, le blanc aussi des liserons ou des pieds de bringèl maron ; les ricins si familiers prennent une petite touches d’insolite, mêlant au corail des fleurs les boules vertes ou crème des fruits ; au milieu des graminées aux élégants épis noirs, soudain se dessine une silhouette de canard, liane d’argent…
Ah ! On aimerait tout photographier, tout admirer… et aussi tout transplanter dans son propre jardin.
Alors chaque promeneur devient collectionneur de graines. Voilà une activité bien dans la lignée des textes qui vont suivre puisque le thème du jour est « Graines, gousses, épis, etc. »
Bonnes lectures à tous !
(Monique MERABET)