Infinis paysages 3
TU SERAIS BELLE…
(Monique MERABET)
Tu serais belle mon île
Tu serais belle ma ville
Tu serais belle ma rue
Si tu te débarrassais
De ces murs disgracieux
Qui tiennent prisonniers
Les élégantes palmes
Et les feux d’artifice
Des grappes colorées
Bleues, jaunes, violettes
Et le rouge flamboyant
Et ces trésors devinés
Au gré des interstices
Des portails entrebâillés
Tu serais belle ma ville
Tu serais belle ma rue
Si tu laissais la majesté
Et l’ombre fraîche des manguiers
Enserrer tes laides façades
De leur exubérante ramée
Enfouir tes cubes anguleux
Au creux d’onduleuses vagues
Pour les faire havres de sourire
Cathédrales de calme et de paix
Tu serais belle mon île
Tu serais Eden retrouvé
Tu serais belle ma rue
Tu serais frais sentier sinueux
Si tu abandonnais
Tes airs de fausse fête
Ton clinquant de modernité
Si tu effaçais les empreintes
De ton passé désenchanté
De tes ivresses artificielles
De tes emmielleuses fumées
De tes rires sans fraternité
Tu serais belle ma ville
Si tu n’étais point ville
Tu serais belle ma rue
Si tu n’étais point rue
Tu étais belle mon île
Quand tu t’appelais Dina Morgabine