Innocence (9)

Publié le par Monique MERABET

Monique 292

 

 

Innocence.

(Camille PAYET)

 

 

 


Tu as fait partie de mon existence

Depuis le jour de ma naissance,

Tout le long de mon enfance,

En t’y glissant avec aisance.

J’avouerai en toute confidence

Que je n’en avais pas conscience.

Ce n’est qu’aujourd’hui, je pense,

Fort de mon expérience,

 Avec la vie plus de connaissance

De la réalité, plus de clairvoyance,

Que je peux témoigner avec pertinence

De ta réelle présence.

C’est l’évidence :

Tu es le cadeau de la Providence.

 

Je vivais en toute confiance,

Avec ma mère en connivence,

Dégustant de son lait l’excellence,

Savourant de sa présence

 La bienfaisante dépendance,

De ses berceuses la cadence,

De ses soins la prévenance,

De chaque instant sa vigilance,

De sa tendresse l’exubérance,

De ses caresses la fréquence.

Supporter mes pleurs avec patience,

Subir des nuits blanches en permanence,

 En silence, avec indulgence,

Quelle élégance !

Calmer de mes maux la souffrance,

Surveiller chaque jour ma croissance,

Stimuler mon intelligence

Avec insistance,

Quelle délicate prévenance !

 

Les miens me portaient assistance,

Assuraient ma défense,

Me servaient ma pitance.

Je vivais heureux dans une douce insouciance.

Des soucis de la vie, aucune connaissance.

Des problèmes, des ennuis, une totale absence,

Querelles et disputes, sans la moindre importance !

De la réalité de la vie une profonde ignorance !

C’était à l’évidence le temps de la nonchalance,

De ma totale dépendance.

Le temps de ma plus grande chance.

 

Puis est venue l’adolescence.

             Innocence,

Tu connus alors quelques turbulences.

Avec mon âme en errance,

Mon ego en effervescence,

Du sexe opposé ma première attirance,

Mon souci de l’apparence,

Mon langage plein d’insolence,

Mon discours tissé d’impertinence

D’arrogance,

De l’entourage mon indifférence,

Victime d’une mauvaise influence.

Avec la perte de mon bon sens

Echo de ma désespérance.

 

C’était à l’évidence,

Le temps de la désobéissance,

De l’impertinence, de l’outrecuidance

Qui m’ont valu quelques rouspétances

 Et autres remontrances !

Puis j’ai perdu ta trace,

Dès qu’à la réalité du monde je fis face.

Finis l’état de grâce,

Le repos de l’esprit, les vacances.

A moi seul désormais l’échéance

D’assumer ma défense,

D’assurer ma subsistance,

De veiller à mes finances,

De payer taxes, redevances,

Impôts, factures, assurances,

Quittances et autres contre-danses ,

Ce qui a pour conséquence

Plus de stress, plus de dépenses !

A moi d’affronter un monde de violence

Où règnent intolérance, maltraitance,

Toutes sortes de manigances,

La déloyale concurrence,

La perfide concupiscence.

Je vois la course folle vers le profit, la performance,

Des fortunés la toute puissance, l’opulence.

Des plus pauvres le manque en permanence,

Du travail pour les jeunes l’absence,

Le règne de la délinquance,

La danse des maladies, des souffrances,

La valse des ambulances,

La triste séance  des condoléances,

De l’environnement la déchéance, la dégénérescence,

Des politiques la carence, les déficiences.

Contre la mondialisation à outrance,

Leur totale impuissance.

Il me faut entrer en résistance,

Lutter contre mes mauvaises tendances,

Terrasser ma suffisance,

Retrouver ma tempérance,

Booster ma transcendance.

C’est à l’évidence

Le temps de l’inconscience,

De l’imprudence, de la démence,

De la décadence,

Le temps de la dernière chance,

D’entrevoir de la sagesse l’urgence.

Mais avant ma sénescence,

Avant de tirer ma révérence,

Je veux te retrouver, innocence.

Pour cela j’ai de bonnes références :

L’amour des miens, ma récompense,

Les amis, pas avares de leur présence,

De leur fidèle assistance,

Qui savent créer l’ambiance.

Mon chien, amateur de préférence

De caresses en abondance,

Qui, pour me montrer sa jouissance,

Remue la queue dans tous les sens.

L’oiseau, qui sur sa branche,

Me chante sa romance,

La source, qui me lègue sa transparence,

De son eau l’éternelle jouvence,

Les plantes, les fleurs qui gratuitement m’avancent

Leur exubérance, leurs fragrances.

Etres très humbles, remplis d’innocence

Qui ont eu la compétence

De te garder toute leur existence,

Quelle  performance !

C’est à l’évidence

Un bonheur simple à portée des sens,

Du cœur, du bon sens, de l’intelligence

Que j’aimerais transmettre, j’y pense,

A toute ma descendance,

Pour lui insuffler amour, confiance, espérance.

Tout le reste, soucis, égoïsme, malveillance,

Offenses et autres vengeances,

Toutes ces malfaisantes engeances,

 Je n’en veux plus garder souvenance,

Je veux les chasser à jamais de mon existence.

 

 

 

 

Publié dans INNOCENCE

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
P
<br /> Moi qui ai vu tes recherches, je suis restée stupéfaite devant l'agencement de tes mots en ''ance ou ence''. Car derrière tous ces mots, c'est en fait le fil de ta vie que j'entends.<br /> Huguette. <br />
Répondre
M
<br /> <br /> Oui Huguette, tu fais bien de souligner la "performance" de Camille. Moi je suis à chaque fois époustouflée par sa production et j'attends avec impatience de découvrir ses trouvailles au prochain<br /> Patpantin du 20 Décembre.<br /> <br /> <br /> <br />