Je ne sais pas
JE NE SAIS PAS
Les oiseaux sur le fil : aujourd’hui est un jour qui chante, un jour qui vit. Un jour à bonheurs du jour.
Celui d’hier : cette photo du magnifique lilas des amis de Beauvais, si éblouissant que j’en ai senti le parfum enivrant !
Et celui de ce matin, c’est tout simplement d’être là à écrire dans la fraîcheur de Juin.
Bonheur du jour
chaque grain de riz
pour un moineau
J’aime quand les oiseaux font vibrer leurs ailes en vol stationnaire : attente qu’une place se libère pour l’atterrissage sur le plateau de riz. Voilà encore quelque chose que je ne sais pas faire.
Les oiseaux, eux, savent tout faire. Même siffler des haïkus. Il suffit de compter cinq-sept-cinq à défaut de les comprendre.
Frêles pattes accrochées
à l’arête du mur
petit piaf attend
Tiens ! Ce gros oiseau belliqueux qui ne laisse aucun autre s’approcher de la mangeoire tant qu’il ne s’est pas rempli le jabot, c’est peut-être lui, le cardinal d’hiver. Il n’a pas la calotte noire comme les autres moineaux. Quand donc me déciderai-je à apprendre à les distinguer sans me tromper, en toutes saisons ? Est-ce parce que je suis réfractaire au kigo ?
Je laisse volontiers s’éterniser mes états d’ignorance : procrastination intellectuelle qui vient doubler la procrastination que j’applique assidument, jour après jour, quant il s’agit des tâches à accomplir. Je relève dans la lettre d’amie reçue hier : « … et je n’ai pas fait le ménage. Ou plutôt – puisque je chasse les phrases négatives – JE VAIS faire le ménage. » (sic)
Heu… Moi, ce qui me serait positif ce serait de dire « et je ne vais sûrement pas faire le ménage »… Auto dérision, auto dérision, bien sûr… Sinon, ce serait grave, n’est-ce-pas ?
Grave ? Peut-être que non, après tout. Je regarde un ballet (pas balai !) de nuages : pas de deux des filaments qui se tortillent à l’unisson, qui fusionnent et finissent par s’effacer. Parade de nuages amoureux. Pour vivre heureux vivons cachés
Les fleurs pour Doria
longuement le téléphone
personne ne répond
Hier soir je ressentais tous ces deuils, ces mauvaises nouvelles des derniers jours comme autant de déchirures au ciel de la vie. Mais les nuages sont là pour tout raccommoder.
Le raccommodage, ça non plus, je ne sais pas le faire. Et j’ai bien raison de ne pas même essayer.
Nuages du ciel
s’étirent, s’étirent
puis disparaissent
(Monique MERABET, 4 Juin 2013)