L'ané volkan la pa vnï abou koulé (8)
VIII
Jïyin l’arivé
Konpèr Volkan la rouv son zië
Kan lo papang la déboul dan lanklo koté la kaz Volkan, lï la konpri toutsuite ke son dalon lété antrinn mèt alï an branl pou lï sorte son trou. Lo soubasman Volkan lavé guingne in léspès tranblade ; dë-troi nïaj vapër té i sorte par son troudné konm in mashine i shof avan lo démaraj. É lo konpèr té i sif inn ti shanson pou mèt son kor daplon :
Boukané, shominé
Armèt la présion, valé !
- Oté Volkan ! Andiré ou lé bien gayar, jordui.
- Sa ! Pou èt gayar, moin lé gayar i pë pa di lo kontrèr. Kank mi majine lo joli ti promnade mi sar fé, mon kër i bate an oulër Vin Désanm.
- On… On… Di amoin, Volkan, kan ou i sar fé flanm out fë lanfér, sa i sar brïl toute nout ti péi i sora konm in kour ouk Madame la fini bien pass balié.
- Mi fé pa di aou, kamarade ! Toute i sora an savane la sann. Mé kosa i pë fé aou sa ? Ou na mon promès, jïré-krashé, mi borde pa inn ti zig la plïme famiy Papang jïska la milième jénérasion.
- Mi koné, ou i okïp bien mon famiy é mi ardi aou granmérsi. La pa pou sa moin lé trakasé. Solman, mi trouv na poin la jïstiss, alé tir lo nér sï in pov ti guiguine lo moi konm Jïyin.
- Oté ! Dan kèl trouloulou out sérvèl ou la parti trape in lidé an kaskasé konmsa ? Lo moi Jïyin la pa si pti ke sa. Lï kour sï son trante jour konm in bonpë son frèr.
- Oué ! Solman, lï kour dann fénoir èk son bann journé rikiki i anprofite moin lo réyon solèy ke sat lo moi voizin.
- Té ! Sa la pa vré inn tior ! Promié foi mi antann inn krak parèy. Ou koz konm domoune la ïz zot kïlote sï lo ban lékol san ramass in zig linstrïksion. Moin, moin la lir é moin la rolir lo lalmanak. Akoute sa ! « Le 22 Juin est le jour le plus long de l’année. C’est le sol… le sol… tiss… » Békali ! Alala in mo an kaloubadia ! Sak la invante sa, davoir navé poin rien pou graté. Mi kontinïé lir : « C’est l’été et… Blablabla…Blablabla…. Les gens se réunissent autour d’un grand feu… » Do fë ! I tonm bien pou moin. Pou alïme dofë i pë konte sï mon pièr briké.
É Konpèr Volkan la pèt a rikané pou lï mok lignoranse lo zoizo. Lo papang, pou lo kou, lété ki rès kamï. Lï té a domandé si son jïjman té pa antrinn détraké. Lï noré done son zèl a koupé ke lo bann jour i pran rakoursi an Jïyin. Navé k’a fié sï la prièr bann zarab i anvoye plïzanplï bone ër.
Alor, pou trouv in kontnanse, lï la trap lo liv, lï la tourné, lï la artourné, konmsi afors soukouyé, lï noré té kapab fé shanj lo bor la vérité.
- Baya ! Moin té sïr moin lavé rézon. Ou la pa lir toute, Volkan ! Agarde kosa lé ékri la, noir sï blan. Lo ransèyman ou la ramasé lé bon pou « l’hé-mis-phè-re-bo-ré-al »
- Koué ?
- Sa i vë dir pou lo bann zabitan lé l’ot koté la mér. Dann péi lo Nor la tèr, an Jïyin, bann jour lé tiré konm sanm lastik. Tanka isi, la Rénion, nou lé dann Sïd, dan « l’hémisphère austral » pou koz an liv. É pou nou, toute lé an dovan-dérièr, an dosï-dosou. Astër ou i voi kisa lé plï gabié !
La, lété konmsi lo sièl té i tonm an kataplass sï lo koko, konm noré di nout promié zansèt dëor, bann Gaulois. Konpèr Volkan la rès asi rède sï son fonnman. Lï lavé pï la fors fé bouj inn ti boi lo brann. An minm tan, son léspri té konm la roulèt pay-kane i tourn an kaskou kan la briz i lèv.
É si, toute té a lanvér astër ? Si lï té i guingne pï koul anbalaba ? Si toute son lav té i armonte dan son gozié, riskab touf alï ?
É si ? É si ?... In trafalgar trakasri konm sa, Volkan té i vien pï abou anbaré. Son popièr la fini par tir zot moustikèr é lï la parti rode vavang dann
péi somèy.
(image Flickr)
VIII
Juin arriva
Compère Volcan ouvrit les yeux
Quand le papangue déboucha dans l’enclos près de la maison du volcan, il comprit tout de suite que son copain se mettait en branle dans le but de quitter son emplacement. Les soubassements du Piton étaient pris de trépidations ; quelques bouffées de vapeur lui sortaient des narines, à l’instar d’une machine qui chauffe avant de démarrer. Et le Compère sifflait un petit air pour se mettre en train.
Boucané, cheminée
Avec la pression va aller
- Holà Volcan ! Tu as l’air d’avoir la pèche aujourd’hui !
- Ça ! Prétendre le contraire serait mentir. Quand je m’imagine la belle balade que je vais faire, je sens mon cœur qui bat comme un tambour de Vingt Décembre.
- Ok ! Ok ! Dis-moi, Volcan, quand tu allumeras ton feu d’enfer, ça va brûler tout notre petit pays, ça ! Il sera aussi nu qu’une cour bien balayée.
- Je ne te le fais pas dire, camarade. Ce sera comme un désert de cendre. Mais qu’est-ce que cela peut bien te faire ? Tu as ma promesse expresse de ne jamais toucher à la moindre plume d’un membre de la famille papangue jusqu’à la millième génération.
- Je sais, tu prends bien soin de ma famille et je t’en remercie. Ce n’est pas pour eux que je me fais du souci… Je trouve seulement que c’est injuste qu’un pauvre petit mois comme Juin fasse les frais de ta mauvaise humeur.
- Oh ! Dans quel repli nauséeux de ton cerveau as-tu pêché une idée aussi bancroche ? Le mois de Juin n’est pas si petit que cela. Il étale ses trente jours comme beaucoup d’autres mois.
- Oui, mais il les étale dans l’obscurité avec ces journées si courtes qu’elles profitent moins du soleil que celles des mois voisins.
- Houlala ! Mais tu racontes n’importe quoi ! C’est la première fois que j’entends une telle contre-vérité. Tu parles comme quelqu’un qui a usé ses culottes sur les bancs d’école sans en retirer le moindre iota d’instruction. Moi j’ai lu et relu l’almanach. Écoute ça ! « Le 22 Juin est le jour le plus long de l’année. C’est le sol… le sol… tice… » En voilà un mot à coucher dehors ! Celui qui l’a inventé n’avait probablement rien à faire. Je continue à lire : « C’est l’été et… Blablabla blabla…. Les gens se réunissent autour d’un grand feu… » Du feu ! Voilà qui tombe bien pour moi. S’il s’agit de mettre le feu quelque part, on peut compter sur ma pomme.
Et Compère Volcan se mit à ricaner pour se moquer de l’ignorance de l’oiseau. Pour une fois, le papangue restait bouche cousue. Il en était à se demander si sa raison n’était pas en train de se désagréger. Il aurait donné ses ailes à couper que les jours raccourcissaient en Juin. Comme en témoignait la prière du muezzin qui s’élève de plus en pus tôt.
Alors, pour se donner contenance, il prit le livre, le tourna, le retourna, comme si le fait de le secouer pouvait changer la réalité.
- Ah ! Ah ! J’étais sûr d’avoir raison. Tu n’as pas lu jusqu’au bout, Volcan ! Regarde ce qui est écrit là, noir sur blanc. Ce que tu disais n’est valable que dans l’hé-mi- sphè-re-bo-ré-al.
- Dans quoi ?
- Ça veut dire pour ceux qui habitent au Nord de l’autre côté de l’océan. Dans les pays de l’hémisphère Nord, les jours rallongent comme tendus avec un élastique. Par contre, ici à la Réunion, nous sommes au Sud, dans l’hémisphère austral pour s’exprimer comme dans un livre. Et pour nous, tout va à rebours. Maintenant, dis-moi, quel est le plus futé de nous deux ?
Là, ce fut comme si le ciel s’écrasait sur la tête du volcan à l’image de ce qu’auraient dit nos ancêtres de France, les gaulois. Compère Volcan en tomba assis raide sur sa base. Il n’avait plus la capacité de remuer ne serait-ce qu’une brindille des brandes qui le recouvraient. En même temps son esprit s’agitait comme une roulette qui s’emballe quand le vent se lève.
Et si, tout allait à l’envers pour de bon ? S’il ne pouvait plus couler vers le bas ? Si toute sa lave lui remontait dans le gosier au risque de l’étouffer ?
Et si ? Et si ?... Un embrouillamini de tracas que le volcan ne pouvait plus assumer. Ses paupières finirent par rabattre leurs moustiquaires et il s’en alla vagabonder au pays du sommeil.