L'angélus de Saint-Jacques
L’ANGELUS DE SAINT-JACQUES
Ce matin j’ai bu mon café au son de l’Angélus venant du clocher de la proche église de Saint-Jacques. Que l’on se rassure ! Je ne suis pas une lève-trop-tôt. Ici, le premier Angélus sonne à 7h15 pour ne pas déranger le sommeil des citadins. Dormez braves gens ! Dormez !
Cocorico !
les coqs du voisin
attendent l’Angélus
Toute la journée, s’égrènent ainsi mes heures. J’aime à les entendre même si parfois je triche un peu :
Clocher de Saint-Jacques
heures du dimanche
à compter une sur deux
Mon esprit ratiocine parfois. Ces heures codifiées que ponctuent les sons de cloche, peut-on s’y fier ? Les mêmes en toutes saisons… Il faut être aussi peu « naturels » que les humains pour s’en contenter. Les oiseaux, les insectes et les fleurs, eux, ont une horloge biologique autrement plus précise.
Mécanique des cloches
le lézard vert se montre
à l’heure du soleil
Et puis, ces cloches marquent le calendrier des fêtes religieuses. Ainsi, leur son va bientôt faire silence pour la commémoration du Vendredi Saint. Á chaque fois, l’absence de ces sons familiers m’émeut et me remplit d’une attente fébrile. Tendue vers le renouveau du carillon de Pâques.
Vendredi Saint
les accents tristes
du muezzin
Le muezzin, oui ! Dans notre île aux fois multiples, chaque soir la voix du muezzin emplit l’espace à la tombée de la nuit. Et je me plais à faire s’imbriquer les deux chants, le chrétien et le musulman. D’ailleurs l’écart entre l’angélus (toujours à 18h) et de l’appel d’islam (mobile puisqu’il se calque sur le coucher du soleil) permet de mesurer la succession des saisons.
Solstice de Juin
l’appel du muezzin
rejoint l’angélus
J’aime cette harmonisation des fêtes, cette espèce de syncrétisme qui convient à mon âme sans frontière.
D’autres fois, il me faut déplorer une certaine cacophonie.
Jour de l’An chinois
pétards couvrant l’angélus
un oiseau s’envole
l’oiseau s’envole et puis revient. Les oiseaux de mes heures.
(Mardi 19 Avril 2011)