LAMBREQUINS ET VIEUX BARDEAUX (12)

Publié le par Monique MERABET

CA

 

 

 

 

 

 

          Héloïse 2

 

 

 

 

 

 

 

 

Dans l’assistance, le vernis de bonnes manières commençait à s(écailler.

- Un discours ! Un discours ! scanda Hakim, bientôt suivi par l’ensemble des assistants.

Willie hurla pour se faire entendre :

- Hé ! Tapez pas sur la table, surtout ! Vous allez y faire des gnons. J’ai passé assez de temps à la frotter, la poncer…

Maryline déclencha l’hilarité en lançant :

- Et tu t’es servi de ton tee-shirt comme chiffon ? C’est pour ça que tu as mis tant de temps à le nettoyer.

Vanessa qui tenait aussi dignement que possible son rôle de Vice-Présidente, fit montre d’autorité.

- Vous allez arrêter vos bêtises, oui ? On n’est pas à l’Assemblée Nationale ici ! Nous, on est des jeunes conscients de leurs responsabilités.

- Et puis, ajouta-t-elle, pince-sans-rire, si vous ne voulez pas rater Rosamar à la télé, il vaut mieux ne pas perdre trop de temps à discutailler pour rien. Vas-y Arthur ! S’il y en a encore un qui « sème », je demande son expulsion ; c’est prévu dans les statuts.

Arthur constatait avec soulagement que le discours demandé était tombé aux oubliettes. Il se prêta au jeu de Vanessa.

- Bon ! Silence donc !.. ou je fais évacuer la salle ! Commençons par la question la plus importante : l’acquisition de la case. Je n’ai pas vraiment de bonnes nouvelles à vous communiquer. Vous savez que la Kaz-Bougainvil était tombée « en délaissé » et c’est pour cela que la Mairie nous avait autorisé à l’occuper ; elle était d’accord aussi pour la prendre financièrement à la charge de la municipalité et à confier la gestion à notre Association. Vous suivez bien ? C’est pas trop compliqué ?

- Tarés comme on est, on a du mal, ironisa Willie. Mais on fait des efforts.

- Mille exuses, Génie… Je continue : voilà que le notaire chargé de l’affaire a fini par dénicher un héritier potentiel de la famille Chabrier ; il habite à Aubusson.

- Et alors ? interrogea Malika. C’est en Zoreillie, ça, Aubusson. Il n’a pas l’intention de venir habiter ici, tout de même.

- Non, je ne crois pas, non. Il veut bien vendre mais d’abord faire expertiser la maison pour en tirer le meilleur parti possible. Alors, si un promoteur lui fait une offre intéressante, il risque fort de se laisser tenter et, adieu notre beau projet !

- Ça ne serait pas juste, s’indigna Mathieu. Pour de sales questions de gros sous, on nous mettrait des bâtons dans les roues… à nous, les représentants de la jeunesse saine et solidaire, comme a dit le maire le jour de l’inauguration !

Arthur le regarda avec ironie.

- N’en fais quand même pas trop dans la vertu offensée, Mathieu ! Tu espères le prix du kaniar repenti ou quoi ?

La salle s’esclaffa. Chacun ici connaissait bien le passé « tortueux » de Mathieu. Le gamin, en rupture de scolarité, traînait par-ci, par-là, à la remorque de délinquants chevronnés ; il acceptait parfois de passer de louches paquets « d’herbages », à l’abri des voitures stationnées près du lycée ; il n’hésitait pas non plus à commettre quelques chapardages et c’est ainsi qu’Arthur lui avait mis la main au collet alors qu’il cherchait à s’emparer de son portable. Il lui avait proposé de venir travailler au chantier avec les autres.

- Bosser ! s’était horrifié, Mathieu. Bosser ? Ah ouais…

Mais il était venu quand même.

Le débat continua sur une question d’Hakim :

- Et, il n’y a pas moyen d’obliger le propriétaire à nous vendre à nous ? Enfin… je veux dire, à la Mairie. Elle n’a qu’à faire « péremption » comme pour la villa que Tonton Farid n’a pas pu acheter.

- Pre-emption, Hakim, rectifia Arthur. « Péremption », ça veut dire périmé.  C’est vrai, la Mairie peut user de ce droit, elle passe avant les autres acquéreurs mais, c’est plus compliqué… Si un expert s’occupe de la chose, la somme demandée peut dépasser le budget prévu par la commune et puis, la restauration est loin d’être achevée et si cela occasionne trop de frais…

Il laissa sa phrase en suspens devant l’air consterné de ses amis.

Un ange passa.

- Et si on dissuadait les gens d’acheter ? proposa Ludivine. On pourrait faire courir le bruit que la case est hantée ;… par l’esprit de Mèrkal, ajouta-t-elle avec candeur.

Vanessa persifla :

- Pourquoi pas par une « chatte marron » pendant que tu y es ? Personne ne croit plus à ce genre d’histoires, ma puce.

 

... à suivre

Publié dans LIRE

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Commenter cet article
M
<br /> Ahh ! J'adore cette retranscription de la réunion du Conseil d'Adminitration de Lambrequins et vieux bardeaux! J'ai tout particulièrement aimé Vous allez arrêter vos bêtises, oui ? On n'est<br /> pas à l'Assemblée nationale ici ! Les dialogues entre jeunes, tu t'y connais !<br />
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M
<br /> <br /> Oui! j'ai quand même pu acquérir quelques notions de "conversations ados" en 40 ans d'enseignement cmme prof de maths. Tan mieux si cela t'amuse.<br /> <br /> <br /> <br />