LAMBREQUINS ET VIEUX BARDEAUX (3)
Arthur 2
Le 2 Juillet 2000 avait commencé comme un dimanche ordinaire, maussade et ennuyeux. Vanessa rongeait son frein en attendant les autres qui devaient s’attarder devant la télé.
Je leur ferai payer cher ce retard, rageait-elle en mordillant le bâtonnet d’une sucette framboise-malabar.
En collégienne branchée, elle sacrifiait à la tendance du moment et se serait sentie ridicule de se montrer en public sans ce petit bout de bois ou de plastique qu’on se devait de garder entre les lèvres, même après que l’enrobage de sucre eut complètement fondu.
C’est le moment que choisit Arthur pour l’aborder.
- Salut Princesse ! Tu as l’air de t’ennuyer comme un rat mort, on dirait. J’ai une proposition à te faire.
Et sans façon, le garçon s’assit sur le banc à côté d’elle.
Vanessa jeta un coup d’œil à droite et à gauche. Vraiment, c’était son jour de chance, aujourd’hui. Voilà qu’un beau gars, un « grand » étai en train de la draguer ! Et personnen vue pour se moquer.
Elle lui balança une œillade qu’elle savait assassine pour s’être longuement exercée devant le miroir de la salle de bains.
- Chûr ! Che f’rai tout ce que tu voudras, beau goche.
Dans son émoi, elle avait oublié de retirer la sucette avant de parler.
- Hem ! T’emballe pas soeurette… coupa le garçon. C’est une affaire honnête que je te propose. Écoute…
Il fallut de longues minutes à Arthur pour exposer ses projets à Vanessa sidérée.
- Bon ! conclut-il. Tu réfléchis et tu m’appelles pour me dire ce que tu en penses. Tu as mon numéro, je crois.
- Au fait, ajouta-t-il ironiquement, n’envoie pas de texto. Comme tu sais, ma boîte à messages est saturée. Allez, à plus, Miss Flamboyant !
Et il planta là l’adolescente devenue aussi rouge que ses cheveux teints.
C’est ainsi que Vanessa et toute la bande des Tallipots suivirent Arthur sur la piste des lambrequins et vieux bardeaux.