Le chrysanthème de Noël (IV)
IV
L’âne de la crèche était animé de louables intentions et toujours prêt à rendre service. Mais la mélancolie profonde qui l’habitait laissa transparaître dans ses propos un désenchantement qui n’était guère de circonstance. Il déclara, prenant un lugubre ton de carême :
«De par la croix que je porte sur le dos, je suis bien placé pour dire qu’en toute saison, ici-bas, ce sont des vêtements de deuil qu’on devrait porter. Noël est gris puisque la guerre, jour après jour, assombrit les yeux innocents, et que sa fureur meurtrière sonne le glas de nos printemps. »
La marguerite, émue, se sentit au bord des larmes.
(Monique MERABET)