Le dimanche de l'amaryllis
quatre fleurs
six pétales chacune
mon haïku préfère l'impair
LE DIMANCHE DE L’AMARYLLIS
Dimanche de septembre
la chienne et moi contemplons
l’amaryllis
Enfin, c’est moi qui regarde. Elle, elle se contente de se laisser caresser. Superbement ouvertes ce matin, les quatre fleurs en un !
Et me voilà perplexe ! Comment photographier cette… fleur ? inflorescence ? bouquet ? rose des vents ?... - rayez la mention inutile – Quatre trompettes axées vers les quatre points cardinaux : faut-il faire une photo de groupe ou quatre photos individuelles ? Je ne sais même pas si chacune d’entre elles entonne la même musique.
Alors… Photographier du dessus en me hissant sur un tabouret pour tenter de ne pas trop déformer la croix de roses ?
Photographier chaque fleur de l’intérieur et dresser la liste des ressemblances, des différences me livrer au jeu des sept (nombre sacré) des sept erreurs ?
Faire une photo en pied pour bien montrer cette hampe droite et fière qui hisse leurs oriflammes roses vers le ciel ?
Et si je déplaçais la jardinière fleurie vers un espace plus dégagé, mieux éclairé ? Non ! C’est trop lourd. Et puis la plante semble particulièrement se plaire en cet endroit : pour lui faire subir le traumatisme d’un déménagement ? Elle prospère si bien à l’ombre de ce coin de jardin, protégée des attaques de ces chenilles « prince de galles » qui lui pourrissaient les feuilles autrefois.
Tiens ! J’avais justement écrit sur ces chenilles :
Un haïku que je n’ai jamais vraiment réussi d’ailleurs…
Chenilles « Prince de Galles »
sur l’amaryllis rose
becs bleus des tourterelles
Euh… Ou en créole, un peu mieux :
Bann shoniy bien roz*
sï in pié lamariliss
bèk tourtrèl i rouv an gran
N.B : *roz ne désigne pas ici une couleur mais en créole, quelque chose de bien roz signifie qu’elle est fraîche, pleine de santé…
Mais faute de haïku bien léché, peut-être cet extrait d’un conte « Guillerette la petite chenille », une de ces chenilles nées sur l’amaryllis justement :
« C’est alors qu’elle découvrit la somptueuse architecture de la fleur d’amaryllis : une corolle d’un rose délicat, aux lobes diaphanes dans lesquels se jouait la lumière.
Guillerette demeura pétrifiée d’admiration devant la cathédrale de pétales qui s’offrait à sa vue et qui lui sembla lointaine comme une inaccessible étoile.
Voulant partager sa trouvaille avec ses autres sœurs, elle dévala en toute hâte la piste verte d’une feuille charnue jusqu’au palier du bulbe. Elle criait :
Venez voir ! Venez voir ! Là-haut il y a un palais merveilleux. Venez vite !
Tais-toi et mange ! ronchonna Grassouillette, une chenille terre à terre qui s’empiffrait consciencieusement depuis le matin. »
(Monique MERABET, 2 Septembre 2012)