Le goût du pâté créole
Maris-Lise m'a écrit: "La poésie ça va, ça vient au gré de l'âme" et c'est avec grand plaisir que je vous livre ici son savoureux...
NOËL A LA REUNION
(Maris-Lise FONTAINE)
Rouge flamboyant, rouge letchis
C’est Noel dans notre paradis
Point de buches dans la cheminée
De traineaux ni de rues enneigées
Père Noel, bertel sur le dos
Se promène sous les filaos.
Sous les varangues, sous les palmiers
Dépose des jouets par milliers.
Un soleil de plomb dore les peaux
Qui scintillent sous les perles d’eau.
Le son de séga, du maloya
Déchainent les hanches et les bras
D e ces dames, nos belles créoles.
Sur nos tables, le pâté créole
Côtoie la dinde sans modestie.
Entre les toasts, nos petits farcis
Au poivre, cumin et au piment
Raniment nos chevaliers vaillants.
Rosé, champagne ou rhum arrangé
Le Noel sera bien arrosé.
La famille, petits et grands
Chantent gaiement le divin enfant.
Quand le Père Noel sera parti
La table se couvrira de letchis.
L e gout exquis de ce petit fruit
M’entraine jusqu’au bout de la nuit.
Les corps las, les cœurs rebondissant
Dorment à l’ombre des flamboyants.
Pour nos amis du grand froid : Illusion
Non, c’est NOEL à La Réunion
Merci à Maris-Lise de nous replonger au coeur des joyeuses agapes familiales. La Fête, c'est aussi cela!
Et si chacun de vous nous confiait un souvenir de ces nourritures succulentes au parfum d'enfance?
Pour moi, c'est le pâté créole qui me vient en mémoire: depuis ce pâté que "battait" Marie de Naise, une lointaine cousine que je n'ai pas connue mais qui fleurait bon l'anisette dans les souvenirs de... maman jusqu'à celui que je dégusterai en ce proche Jour de l'An, en passant par tous les souhaits de "Bonne Année" quand s'effritait la pâte safran entre mes doigts d'enfant ravis... Matins de grâce d'un vert paradis
Monique.
Samedi 1er Janvier,
Le commentaire de Huguette:
Dans les nourritures de notre enfance au moment de Noël, selon ton souhait, Monique, je souligne l'importance des letchis, qu'on ne cuisait pratiquement pas
mais qu'on
mangeait nature, sans savoir s'arrêter. On avait parfois à souffrir de fermentations nocturnes qui nous jouaient des tours... Mais en plus de sa
chair, le letchis nous offrait son noyau
vernissé dont nous faisions des toupies à l'aide d'une allumette. Et puis c'était aussi le temps des''philippines''. Quand les fruits étaient doubles sur la
même branche, il fallait crier à
l'autre joueur ''philippine'', occasion de se faire offrir une surprise pour celui qui avait oublié la date de la première rencontre des deux parieurs. Une
surprise agréable était toujours
bonne à prendre.
''Mais le vert paradis ''des amours enfantines,
L'innocent paradis plein de plaisirs furtifs''...merci Monique de nous faire penser à Baudelaire, à l'occasion du pâté créole et des letchis au moment de
Noël et du Jour de
l'An dans l'Océan Indien. Huguette