Le quatre-épingles
LE QUATRE-ÉPINGLES
Jardin d’automne
la courbe d’une
feuille sèche
Elles sont quatre… et j’ai failli ne pas les voir. Quatre bougies cachées dans le fouillis des feuilles du gingembre jaunissant. Belles dans la sobriété de leur teinte rousse un peu assourdie. Rien à voir avec la cathédrale que constituent les alvéoles translucides de la fleur d’une espèce plus distinguée.
Avant de partir
découvrir les deux cierges
du gingembre mangue
On oublie souvent de se pencher sur les fleurettes les plus humbles. Nous sommes toujours attirés par le clinquant des corolles géantes aux couleurs vives, qui en mettent plein la vue.
Ainsi dans le parking gazonné de l’école de Saint-André, se côtoient une modeste fleur rose qu’on piétine en l’ignorant et l’exubérance du quatre-épingles d’un jaune éclatant.
La modeste fleur rose, qui me dira jamais son nom ?
Pour le pétulant quatre-épingles, aucun souci à se faire ! Il est répertorié, nom latin ou noms vernaculaires, on a le choix :
Cassia alata, dartrier, arbre candélabres, épis d’or, fleurs de Saint-Christophe, etc.
Je suis désolée, petite anonyme rose. J’avais le dessein de te transplanter dans mon jardin sauvageon prêt à t’accueillir. Mais je me suis précipitée sur les quelques gousses encore pleines de ton royal concurrent. Je n’ai même pas pris une photo.
Je dois dire, à ma décharge, que pour t’approcher, j’ai dû subir les attaques furieuses de petites fourmis « qui piquent ».
Serait-ce volontaire ? Toi, la dédaignée aurais-tu imaginé ce stratagème pour attirer l’attention du passant distrait ? Ou encore, est-ce punition envers celui qui s’éloigne sans te regarder ?
Invisibles
la petite fleur rose
… et les fourmis
(Monique MERABET, 5 Juin 2012)