Le tamarinier
LE TAMARINIER
Rue Montreuil (au numéro 17) il est un gros tamarinier : un pié d-tamarin, celui qui donne ces gousses à la pulpe acidulée délicieuse en rougail quand elle est verte ou en losïkré d-tamarin quand elle est mûre. Ne pas confondre avec le tamarin des Hauts qui pousse en altitude et qu'on utilise pour son bois noble.
Rue Montreuil, donc, juste au carrefour. Il est superbe avec tous ces mascarons que les années ont sculptés à son tronc. Qui me dira son histoire ? Á quelle époque a-t-il été planté ? serait-il issu d’une graine atterrie là par hasard ?
En tout cas, ila échappé aux vagues successives d’urbanisation destructrices pour trôner fièrement aujourd’hui sur son carré de trottoir.
Le gros tamarinier
devant la maison abandonnée
combien de temps ?
Je l’ai photographié sous toutes ses cicatrices et ses bourrelets ; j’y ai vu tant d’empreintes d’âmes passées, tant de figures étranges comme s’il avait absorbé les sentiments, les ressentis, les peurs aussi des passants et, plus anciennement des habitants qui l’ont planté sur leur propriété.
Il faudrait établir une topographie historienne de tels lieux de mémoire… ce dont je suis tout à fait incapable. Il faudrait surtout éviter qu’il ne périsse pour laisser la place à –encore – un de ces immeubles étouffoirs de nos modernes cités. Il paraît qu’il n’y a aucune loi protégeant les arbres de nos villes.
Je me contente de l’admirer, de me recueillir un moment sous son ombrage tutélaire chaque fois que je me rends dans le quartier. Son feuillage léger m’apporte la sérénité, me chuchote des paroles de vie et d’amour des oiseaux invisibles là-haut dans la ramée.…
Après la pluie
le tamarinier égrène
ses chants du soir
Hier, conférence d’Isabelle Hoarau sur les jardins créoles : moment d’émotion à se rappeler toutes ces plantes que cultivaient nos grand-mères et le subtil agencement des plantations. Végétaux de protection dont les épines ou la couleur rouge captent les sentiments négatifs que pourraient distiller les passants malveillants ou les mauvais esprits des bébètes péi.
Peut-être – certainement - les arbres qui nous environnent contribuent-ils grandement à notre bien-être, à notre équilibre.
Le savons-nous seulement ?
Bambouseraie
le vert profond
du silence
(Monique MERABET, 3 Juin 2012)