Le tamarinier

Publié le par Monique MERABET

Montreuil11-8

 

 

LE TAMARINIER

 

 

 

Rue Montreuil (au numéro 17) il est un gros tamarinier : un pié d-tamarin, celui qui donne ces gousses à la pulpe acidulée délicieuse en rougail quand elle est verte ou en losïkré d-tamarin quand elle est mûre. Ne pas confondre avec le tamarin des Hauts qui pousse en altitude et qu'on utilise pour son bois noble.

Rue Montreuil, donc, juste au carrefour. Il est superbe avec tous ces mascarons que les années ont sculptés à son tronc. Qui me dira son histoire ? Á quelle époque a-t-il été planté ? serait-il issu d’une graine atterrie là par hasard ?

En tout cas, ila échappé aux vagues successives d’urbanisation destructrices pour trôner fièrement aujourd’hui sur son carré de trottoir.

 

Le gros tamarinier

devant la maison abandonnée

combien de temps ?

 

Je l’ai photographié sous toutes ses cicatrices et ses bourrelets ; j’y ai vu tant d’empreintes d’âmes passées, tant de figures étranges comme s’il avait absorbé les sentiments, les ressentis, les peurs aussi des passants et, plus anciennement des habitants qui l’ont planté sur leur propriété.

Il faudrait établir une topographie historienne de tels lieux de mémoire… ce dont je suis tout à fait incapable. Il faudrait surtout éviter qu’il ne périsse pour laisser la place à –encore – un de ces immeubles étouffoirs de nos modernes cités. Il paraît qu’il n’y a aucune loi protégeant les arbres de nos villes.

Je me contente de l’admirer, de me recueillir un moment sous son ombrage tutélaire chaque fois que je me rends dans le quartier. Son feuillage léger m’apporte la sérénité, me chuchote des paroles de vie et d’amour des oiseaux invisibles là-haut dans la ramée.…

 

Après la pluie

le tamarinier égrène

ses chants du soir

 

Hier, conférence d’Isabelle Hoarau sur les jardins créoles : moment d’émotion à se rappeler toutes ces plantes que cultivaient nos grand-mères et le subtil agencement des plantations. Végétaux de protection dont les épines ou la couleur rouge captent les sentiments négatifs que pourraient distiller les passants malveillants ou les mauvais esprits des bébètes péi.

Peut-être – certainement  - les arbres qui nous environnent contribuent-ils grandement à notre bien-être, à notre équilibre.

Le savons-nous seulement ?

 

Bambouseraie

le vert profond

du silence

 

(Monique MERABET, 3 Juin 2012)

Publié dans ARBRES

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M
<br /> Très belle réflexion sur les bienfaits des arbres en général et sur ceux de ce vieux tamarinier en particulier. Elle me rappelle un texte que j'avais lu dans un livre qui citait des paroles<br /> d'Indiens d'Amérique (traduites vers l'allemand - je traduis vers le français):<br /> <br /> <br /> "Savais-tu que les arbres parlent ? Ils le font pourtant. Ils se parlent entre eux et ils te parleront si tu les écoute. L'ennui avec l'homme blanc, c'est qu'il n'écoute pas ! " (Tatanga Mani, de<br /> la nation des Stoney.)<br /> <br />
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M
<br /> <br /> Merci pour ces paroles de sagesse. c'est vrai que les Indiens d'Amérique ont un rapport très fort avec la nature. Et cela me rappelle la série "Le soldat chamane" de Robin Hobb qui oppose un<br /> monde "sauvage" où l'homme est intimement lié à son environnement, aux arbres en particulier et notre monde matérialiste où les végétaux n'ont qu'une valeur utilitaire et... marchande.<br /> <br /> <br /> <br />