Les charmes de Manapany
LES CHARMES DE MANAPANY
Chaque fois que je reviens d’une balade à Manapany, je m’écrie : « Quel enchantement ! » et mon exclamation est toujours enthousiaste et sincère.
Crête d’une vague
ce rocher qui disparaît,
réapparaît…
Peut-on rêver d’un petit coin charmant plus « petit coin charmant » que Manapany ? avec l’océan qui déroule ses flots bleus et blancs d’écume inlassablement et ses arômes vivifiants en même temps que relaxants. La courbe douce de son anse nous invite à nous débarrasser de nos tensions, à nous couler souplement dans l’instant présent.
Á chaque fois, j’en ressors éblouie. D’ailleurs, Isabelle la fée (ethnologue) des lieux, avance une explication toponymique qui va dans ce sens : le terme Manapany viendrait de l’assemblage de deux mots malgaches qui signifierait « rendre ébloui ». Parole de fée ! et plus poétique que celle communément admise de Manapany mot d’origine malgache signifiant chauve-souris…
Hier donc, une journée placée sous le signe d’une conjonction d’événements : le Salon Nature-Art organisé chaque année par Isabelle Hoarau, l’accueil d’écrivains de la zone Océan Indien pour le proche Salon du ivre Jeunesse (et dont Isabelle est la marraine), et aussi les lectures de Patpantin…
Thème des parfums pour Patpantin, thème des oiseaux pour le Salon Nature-Art et, bien sûr, nous n’avons pas manqué de marier les deux en accrochant nos oiseaux-haïkus aux vacoas de l’emplacement choisi pour le pique-nique.
Nos
haïkus-senteurs
claquant au vent
Réspir lodër la mér
Le pique-nique ! rien de plus convivial et l’apéritif aux senteurs péi des samoussas et bonbons piment faits main qui délie les langues et permet de faire connaissance, voire de fêter des retrouvailles.
Comparer
l’arôme de mon tit punch
et sa tisane au fenouil
Et puis il n’y avait plus qu’à se laisser aller, qu’à se laisser bercer se laisser envoûter par les charmes de chaque instant.
Comme ce concert impromptu offert par Jean-Pierre Haga, le troubadour venu de Madagascar et qui nous a charmés des chauds accents de sa voix, mêlés aux notes effleurées de sa guitare se fondant mélodieusement au clapotis des vagues. Ses textes doux-amers pour dire les hypocrisies et les violences de nos sociétés se font chaleureux et tendres pour nous permettre de supporter les misères de notre monde et se teintent d’humour pour faire pirouetter ses mots en chutes cocasses ou encor de poésie pour évoquer les belles océanes que sont nos îles-sœurs.
Comme cette balade « contée » au cours de laquelle Isabelle la conteuse nus livre un peu des secrets de Manapany, la sirène et les galets-cœur qui inspirent ses contes et aussi ces trésors endémiques que sont les vacoas ou le lézard vert et dont elle dévoile les origines légendaires. Rêve ou réalité ? Moi, j’y crois puisque c’est la fée qui l’a dit !
La sirène de
pierre
aux vagues de Manapany
j’y crois… j’y crois pas
De même que je crois en ces personnages qui surgissent des eaux au gré des vagues, les origènes de pierre et de mer que l’œil exercé d’Isabelle la poète a su découvrir et nous faire découvrir. Le terme d’origène désigne toute représentation humaine naturellement inscrite dans un rocher, un tronc, une racine ; j’en vois souvent, surgissant de mes photos pour mon plus grand plaisir.
Endormie
la femme-racine
le bon angle
La journée se termine – oui, tout a une fin, même dans les mondes enchantés – par une frénétique séance de broyage de graines de badamier . C’est Marie-Noëlle qui s’en fait l’initiatrice, elle qui n’a fait que ça, tout au long de son enfance, extraire la substantifique amande cachée dans la noix du badamier. Et lorsqu’elle précise que cette petite amande confère à son découvreur.. la puissance, personne ne résiste. Et tape, et tape… les calous de basalte ou de corail ne sont pas loin, il suffit de se baisser.
Bord de mer
piler les noix de badamier
avec un kalou-cœur ?
Ai-je tout dit des enchantements de ce dimanche à Manapany ? Que je n’oublie pas de mentionner que ce 30 septembre était jour de pleine lune ! Alors je ne résiste pas de vous murmurer ce secret appris hier : autrefois, la lune était bleue et elle a laissé au lézard de Manapany un petit croissant bleu sous les yeux. Ah ! Quand je vous disais que le petit coin charmant d’Isabelle est… MAGIQUE !
Après lecture
l’enfant et son collier
d’oiseaux-haïkus
(Monique MERABET, 1er Octobre 2012)