Les dix mots (4)
(Christelle PAYET)
Internet n’est pas encore un mode de communication obligatoire, pour le moment du moins. Mais il est déjà tellement répandu, adopté par la très grande majorité des citoyens que d’ici très peu de temps, de gré ou de force, je devrai m’y mettre. De fait son adoption est un plébiscite. Alors qu’est-ce qui m’empêche encore d’utiliser un ordinateur en cette période où il est devenu quasi indispensable et pas seulement utile ?
Je me dis que ce sont des raisons financières. Ce motif est bien réel mais il n’est pas le seul. Je crains, en faisant l’acquisition d’un ordinateur, d’introduire un cheval de Troie dans mon quotidien que je ne sais déjà pas gérer de façon méthodique. Je sens que j’y consacrerais du temps au détriment des activités que j’ai choisi avec soin de pratiquer dans la mesure de mes capacités. En outre il me faudrait un mentor qui me formerait personnellement en me dispensant des cours particuliers. Difficile à trouver, ou trop cher. De toute façon bonjour le remue-méninges. J’ai déjà suivi une formation mais pas de façon très assidue. Et ce, sans ordi pour m’entraîner à la maison. Pour me remémorer ce que j’avais appris à la séance précédente lors de chaque cours, c’était une vraie galère. Finalement peut-être ne fais-je que zapper l’idée de me mettre à l’informatique.
Ce que je connais de ce domaine se limite à l’utilisation du mobile dont je n’utilise certes pas toutes les fonctions, mais que je maîtrise quand même assez bien à côté d’autres personnes de ma génération qui n’ont pas appris à envoyer un texto. Après tout, l’ordinateur est presque une variante du GSM, non ?
Je constate quand même qu’autour de moi les arguments pour, mais également les observations légèrement moqueuses quand on découvre que je ne m’y suis pas mise encore, vont crescendo : « Comment ! il faut vous y mettre, tout le monde a une adresse e-mail aujourd’hui », « Resse pa dan fénoir », « Nous ne communiquons que par e-mail », « Tu n’es pas si out, beaucoup de personnes de ton âge utilisent internet et le traitement de texte ».
Toutes ces remarques ne me laissent pas de marbre. Et quand en outre je constate que dans beaucoup d’administrations ou même d’associations, les informations ne sont accessibles que par internet, alors cela m’escagasse vraiment. Alors je crois que je vais finir par m’y mettre à l’informatique !
Et moi qui me suis découvert une âme de baladeuse voilà que je suis obligée de passer de l’époque préhistorique nomade faite de marche dans une nature inviolée, à une époque où l’information va si vite qu’il vaut mieux se déplacer avec un baladeur pour ne pas ignorer ce qui se passe loin de vous, au lieu d’être à l’écoute de vos proches ou de votre prochain et de la nature.
J’en suis toujours à la question du début : en avoir ou pas.