Les fleurs du cimetière

Publié le par Monique MERABET

LES FLEURS DU CIMETIÈRE

 

 

 

Monique-714.jpgPortail du cimetière

un grolay vient mourir

en plein ma photo

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Avant même la première gorgée de café, le stylo court sur la page blanche offerte. Raconter la belle flânerie d’hier parmi les tombes-parterres fleuries du cimetière des Avirons, le plus beau cimetière à ciel ouvert (pourrait-on dire) que je connaisse.

Variété de corolles entremêlant leurs formes leurs couleurs pour ces élégantes et aériennes compositions !

Exhalaisons des âmes des défunts qui reposent là ? Pieuse souvenance qu’entretiennent les vivants dans la magnificence de ces jardins épanouis au soleil de Novembre. Hommage des frangipaniers parsemant le allées de sable des fleurs embaumées roses ou crème.

 

Dos courbé

les dernières arroseuses

du cimetière

 

Les dire avec des fleurs, les attendrissantes pensées qui nous relient encore à des généalogies plongeant au plus intime de notre terre de Réunion. Souvenances plus précieuses que ces lettres dorées gravées sur les dalles grises. D’ailleurs, il est à noter que les anciennes croix parfois maladroitement argentées où s’inscrivaient le nom de l’aïeul, n’y trouvent plus leur place : on les cache –honteusement ? – derrière le monticule en stuc, laideur et modernité.

Plus de croix ! La déchristianisation suit son chemin, érode le grain de spiritualité qu’il nous reste.

 

Á la cime

des vieux cyprès

les rameaux en croix 

 

Me viennent ces quelques vers. Brassens, encore Brassens, toujours Brassens, chantre incontesté de nos errements, prophétique bien souvent :

 

« Un beau jour on va voir le Christ/ descendre du calvaire en disant dans sa lippe / Merde ! Je ne joue plus pour tous ces pauvres types ! / J’ai bien peur que la fin du monde soit bien triste ! »

 

Pincement au cœur

au départ du cimetière

ceux qui restent

 

Mais pourquoi pleurer ? Pourquoi regretter ? … zéternellement en plus ! Il n’y a rien à regretter puisque ce monde que j’aime, je le porte en moi comme un présent de chaque instant,, comme un viatique. Et qu’il disparaîtra avec moi.

Toutes ces fleurs à l’ombre des frangipaniers et des buis de Chine : sérénité peuplée d’oiseaux et d’insectes. Et tout finit par des haïkus.

 

Toutes ces fleurs !

les oiseaux et moi

nous disputons quelques graines

 

Du cimetière

elle ramène une balle

de tennis – neuve !

 

(Monique MERABET, 11 Novembre 2011)

 

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Publié dans Haïbuns

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