Les fleurs qui me ressemblent
LES FLEURS QUI ME RESSEMBLENT
L’orchidée offerte
fascination pour la feuille
brunie au soleil
J’aime les fleurs qui me ressemblent, celles qu’on peut planter n’importe où, celles qui s’accommodent de mon jardin libertaire.
Je me sens toujours gênée lorsqu’on m’offre une de ces orchidées de prix, une de ces stars de serre à la somptueuse floraison. Je culpabilise. J’ai envie de dire : « Non ! S’il vous plaît, offrez-moi quelque herbe modeste et rustique, une bouture prélevée dans votre jardin, quelques graines à surprise, voire une « peste végétale » (longoz, marguerite folle, galabèr, bringellier, etc.) qui enchanta mon enfance ».
Je n’ai aucune propension à dorloter ces sublimes hybrides exilées de leurs forêts natale et qui réclament un dosage précis – Ô combien ! – de lumière et d’arrosage… quand il ne faut pas les nourrir d’engrais systémiques !
Je n’ai pas un tempérament de collectionneuse. Dans mon jardin, pousse qui pousse et meurt qui meurt… Toutes les plantes de la nature sont égales en beauté, en complexité, et la vie s’y complaît sans en dédaigner aucune.
Le mandala
de la fleur de galabèr
sa joie me suffit
Les végétaux de mon jardin vivent au rythme qui leur convient ; ce sont eux qui différencient mes saisons. Ils savent capter les infimes variations météorologiques pour fleurir à bon escient comme le buis de Chine et l’orchidée tipijon dont j’ai abondamment parlé.
Comme l’orchidée-crabe aussi, qui ne fleurit qu’en « dépression ». Rien à voir avec un quelconque état dépressif bien sûr. Mes plantes respirent la joie !
La joie… N’est-ce pas là l’essence même des feuilles et des fleurs dans la grâce de leurs danses, dans l’explosion de leurs couleurs et de leurs parfums ?
La joie, n’est-ce pas aussi l’essentiel de notre existence d’humain ?
Et si… et si, finalement, notre présence éphémère n’avait d’autre destin que l’impondérable et la légèreté d’une rose ?
Kosa in
shoz ?
Kan mi pran la
doush
mi tir pa mon
joli
ti robe la soi
Qu'est-ce que c'est?
Quand je prends une douche
je n'enlève pas ma jolie
robe en soie
(Monique MERABET, 29 Mai 2012)