Nostalgia
NOSTALGIA
Décliner la nostalgie dans toutes les langues. C’était ce matin sur la radio de mon réveil. Je n’ai retenu que dans le mot nostalgie, il y a toujours la douleur de ce qui n’est plus.
J’ai ouvert les yeux en plein désert d’Atacama. Au pied des télescopes, des femmes creusent le sable à la recherche des traces de leurs bien-aimés disparus de l’ère Pinochet (le coup d’état du 11 Septembre 1973).
Qu’espèrent-elles trouver ? Poussière de mémoire d’une innocence qui s’est délitée, d’une innocence qui ne remontera plus des couches minérales où elle s’est enlisée.
Tache d’horreur sur notre passé. Chaque massacre, chaque oppression entache un peu plus notre mémoire d’innocence.
Sous le ciel bleu d’Atacama, les prisonniers regardent les étoiles.
Dans le ciel si pur d’Atacama, chaque nuit, se balade un trou noir, en plein cœur de la voie lactée.
Á mon réveil, ce coin de ciel bleu dans l’échancrure des volets. Un coin de lumière qu’habille une tourterelle juchée sur le toit d’en face.
Un coin de ciel piqueté des étoiles du manguier. Poussière de fleurs, poussière de vie qui continue.
Et ces nuages si légers, à peine devinés, pour signer ma journée.
Dimanche d’octobre
le premier crocus
- j’ai failli le rater
(Monique MERABET, 23 Octobre 2011)