Nuages...
NUAGE-HAÏKU
Avant le café
courir photographier
les nuages
Ce matin, je me suis levée à la bonne heure, juste au bon moment pour admirer le spectacle des nuages mettant en scène le ciel : manège des toits, de l’avocatier, du pylône poursuivant une gouttière.
Ce matin, ne songer qu’aux nuages : ce sont eux qui voyagent, qui me racontent le ciel. Mettre mes pensés au diapason des éphémère plumets. Qu’elles soient aériennes, souffles de pissenlit, brises de graminée !
Ce matin, arroser, se perdre dans le temps suspendu à quelques gouttes d’eau… un temps qu’on ne compte pas. Comme les nuages.
Qui saurait dénombrer leurs amas polymorphes ? Qui saurait dénombrer les gouttelettes – à peine gouttes, pas encore gouttes - sertis dans cette fleur de brume ?
Et leur poids ? Qui peut se targuer de savoir combien pèse un nuage ? Á quelle aune mesurer leurs contours de fractales ?
Un dragon-fantôme grimace et disparaît. Il n’a pas eu le temps de lancer des flammes. Ou alors, juste une flammèche, pendant que j’écris, que j’ai les yeux baissés…
Ciel du matin
dans le même mouvement
nuages et feuilles
Les nuages offrent aux haijins la plus belle leçon d’humilité. Combien ont mordillé leur crayon jusqu’au cœur de la mine pour essayer de fixer le passage d’une de ces « poussières de vent » ! L’expression poussières de vent est de Patricia qui écrit en papillons de mots (link)
Bienheureux sont ces échanges entre blogs haïmikistes (amis de haïkus) ! De quoi m’ancrer dans le vrai monde, celui que j’aime habiter, celui où la poésie peut muser, celui qui permet à mon immobilité de voyager. L’autre monde, celui des maux, et du quotidien, il suffit de l’effleurer, de le traverser la tête dans les nuages…
Et, BING !
Je dégringole de quelques ciels. Mais, contrairement à ces pauvres pétrels qui ne peuvent prendre leur essor depuis le sol, moi, je peux rebondir.
Il fait des bonds, il fait des bonds / le pierrot qui danse… dit une chanson de Gilbert Bécaud. Exemple à suivre si on n’a pas peur de se cogner la tête au ciel.
Et le rebond après la césure… pierre angulaire du haïku, ne pas l’oublier.
Dédié à Patricia, ce haïku final :
Á peine entrevu
le nuage s’évapore
son haïku ?
(Monique MERABET, 23 Juin 2012)