Parfum d'orchidée
PARFUM D’ORCHIDÉE
Fleurs du caféier et leur parfum sucré… et les bonheurs de l’enfant d’autrefois à suivre les gestes de Grand-mère : la cueillette des cerises bien rouges au verger, puis le séchage au soleil et enfin, le concassage des « bogues » dans de grands mortiers en pierre ; les petites « aides » se lassaient bien vite à manier le (lourd) pilon de bois.
premières fleurs
du caféier d’octobre
l’ombre en noir d’une grand-mère
Et ce matin, la surprise d’un parfum âpre me fait découvrir la floraison toujours inattendue des orchidées « tit pigeon ». C’est vrai, nous sommes en pleine mutation de saison, nous allons indéniablement vers l’été. Cela ne pouvait échapper aux fidèles orchidées-baromètres !
le vent se lève
envolée blanche
d’orchidée
Un seul moineau sur la portée de fils électriques. Tiens ! Je ne sais pas pourquoi mais depuis quelque temps, je n’en vois plus guère installés là. Peut-être la minute de silence pour cette hydre de feu qui fouaille les montagnes de l’île à la beauté évanouie en de sombres volutes :
navé la foré
y faisait bon, y faisait frais
tite fleur fanée
tite fleur fanée… tite fleur fanée…Mes larmes n’y peuvent rien changer.
Hier, au marché, personne n’en parlait. Pudeur ? Indifférence ? Les conversations allaient bon train autour des fruits et légumes. J’ai acheté un mûrier. Il porte déjà quelques fruits rouges, noirs, pourpres sur mes doigts.
Comme d’habitude, comme si de rien n’était, comme si la disparition d’un pan du patrimoine de l’humanité n’avait pas d’importance. Pa la èk sa ! Anon fé sanblan…
sur cette radio
les auditeurs racontent
l’incendie grand spectacle
Je lisais aussi hier les passionnantes aventures des dragons de la saga de Robin Hobb (Les cités des anciens) : « Ah ! voilà qu’elle pleurait à présent, comme si pleurer représentait une solution à un problème… », s’exclame Sintara, la dragonne bleu ciel.
Mais les émotions qui me submergent en cette année aux deuils multiples, le sentiment de découragement, d’impuissance, de rage devant le désastre… ça n’se commande pas.
pensées vers l’incendie
l’éblouissement
d’un franciscéa
(Monique MERABET, 29 Octobre 2011)