Perception

Publié le par Monique MERABET

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PERCEPTION

 

 

plissé d’un nuage

ce matin – chacun y lit

ce qu’il souhaite

 

« Chaque acte de perception est un acte de création » (Gérald Edelman Prix Nobel de médecine 1972)

C’est un scientifique qui le dit, pas une illuminée de poète comme moi.

Chaque instant de perception est fragmenté (haïku… haïku…) en une infinité de micro-instants (momentino ?) dont nous créons le départ et dont nous anticipons l’arrivée. C’est ce que j’ai compris de ce qui se disait à la radio lorsque mon radioréveil s’est déclenché.

Un observateur qui… observe un mobile (le charme de ce mot qui me ramène à mes années mathématiques…) qui se déplace horizontalement à vitesse constante pendant trois secondes (Ah ! c’est bref comme un haïku !) ne perçoit pas les micro déviations qu’on lui impose verticalement. Nous « voyons » ce que nous avons anticipé de voir et nous nous appuyons sur notre mémoire analogique qui nous refourgue une situation similaire précédemment en registrée : un mobile lancé à vitesse uniforme suit une trajectoire rectiligne, tout le monde sait cela…

Mais le plus incroyable de l’histoire, c’est que nos yeux, eux, ont bien noté les changements de trajectoire. Comment on sait ça ? Ah ! Faut pas trop en demander à la nul-physicienne que je suis. Moi je fais confiance en la Physique de mon pays et en ses extraordinaires facultés d’enregistrer les circuits de nos neurones… C’est déjà bien beau que j’aie réussi à reproduire une citation avec exactitude (même que je suis allée me faire confirmer l’auteur sur Google !) et à relater à peu près correctement, une expérience.

 

En trois secondes…

le dos noir du martin

remplace le cardinal

 

En tout cas, la juxtaposition perception/création comble d’aise la petite faiseuse de haïkus que je suis. Elle résume bien la nature intrinsèque d’un (bon) haïku. N’est-ce-pas ?

Beau sujet de réflexion pour ce dimanche en souffrance à cause de « l’état jugé catastrophique » - c’est ainsi que s’expriment les autorités relayées par les médias et ce, depuis le début… - de l’île qui brûle.

 

flammes qui nous dévorent

l’avocatier élagué

attend la pluie

 

(Monique MERABET, 30 Octobre 2011)

 

*momentino : c’est ce que réclamaient les passagers des bus péruviens et le conducteur s’arrêtait et quelqu’un descendait et on attendait patiemment son retour. Souvenir de la touriste que je fus là-bas et qui m’entraîne aujourd’hui loin de l’île meurtrie… momentino d’oubli.

 

 

Publié dans haïbuns

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