Que reste-t-il (1)
Samedi, 26 Juin 2010,
Chère Blog B
Cette correspondance entre blogs… Qui a ouvert le feu ?
Qui a appuyé la première sur ces maux à vif de la terre ?
Moi, peut-être avec mes textes « mal à la terre » ; mal à la mer, mal aux arbres, mal à l’eau.
Et puis ton article sur Haïti, ces terribles informations venant de Médecins du Monde. Dénuement… Dénuement !
Haïti ! Notre crève-cœur humanitaire, notre plaie ouverte. Et tant de paroles vaines,
Les mots en trop
Je n’ai rien écrit
Sur Haïti…
Tant de jugements hâtifs et superficiels sur la fatalité de la misère, l’insinuation, la culpabilisation : « Et s’il n’arrivent pas à s’en sortir, n’y a-t-il pas de leur faute ? »
Fatalité ? Mais que savons-nous, nous les nantis « du pain et des jeux », que savons-nous de la désespérance ? Que reste-il à espèrer pour ces "damnés de la terre"?
CARPE DIEM?
Que reste-t-il au poète pour cueillir le jour
Si le temps disperse toutes les pages du livre
D’éphémères destinées
En tourbillons rapides, sans nous les laisser vivre,
Si les miroirs se fêlent de rides fatiguées
Ne reflétant plus même un fantôme de beauté,
Si les oiseaux blessés s’endorment en silence
Dans un univers vide, béant d’indifférence…
Que reste-t-il alors pour bercer nos amours ?
Que reste-t-il encore pour nos bouquets du jour
Si chaque matin, sur un souci se pose
Sur une branche dépouillée,
Si le temps n’a laissé que des épines aux roses
Si leurs pétales, au vent disséminés,
Flottent au fil de l’eau, Ophélies oubliées,
Si même les souvenirs ne sont que feuilles mortes,
Si la mort sonne toujours trois fois à notre porte
Décimant peu à peu nos fragiles amours…
Que restera-t-il pour nos moissons un jour
Si, nés d’Hiroshima, de Nagasaki, errent
Par d’inquiétants sentiers
Dix mille soleils noirs obscurcissant la terre,
Si les arbres se couchent pour des routes insensées
Où les chemins du rêve n’aboutissent jamais
Si les fléaux du ciel, ressassant leur colère
Frappent, frappent sans cesse, martelant la misère
Que restera-t-il donc pour nos futures amours ?
(Textes et photo Monique MERABET)
La suite... à demain