Rien de nouveau
RIEN DE NOUVEAU
Samedi, 9 octobre 2010
Chaque matin, je fais un tour du jardin à la pêche aux haïkus.
Mon jardin
d’un seul coup d’œil
j’en fais le tour
Oui, il est si petit mon jardinet. Et aujourd’hui, si semblable à hier. Les boutons des orchidées et du jasmin sont toujours au même stade d’une longue gestation. Je suis un peu déçue.
Jardin d’aujourd’hui
rien de nouveau…
Et la tentation de le reprendre, cet embryon de haïku –sûrement le seul de la journée – de l’arranger à différentes sauces. Pas très honnête, ça… Un haïku doit être vrai, directement issu de l’expérience : principe premier énoncé par mon professeur.
Je livre quand même mes essais. Qui saura démêler le vrai du faux ?
Jardin d’aujourd’hui
rien de nouveau ? - dans l’herbe
la crotte fraîche
Jardin d’aujourd’hui
rien de nouveau ? – à mes pieds
le gros fruit à pain
Jardin d’aujourd’hui
rien de nouveau ? – deux iris
à ras de terre
Jardin d’aujourd’hui
rien de nouveau ? – sur le mur
l’oiseau secoue la tête
… à vous de choisir, donc. Moi, j’ai plus urgent à faire : retrouver la balle de Doria. Perdue une fois de plus ! Je bats – virtuellement… et avec douceur – les touffes de papyrus, la plate-bande d’iris, le massif de strelitzia. Rien !
Rien, vraiment ? Là aussi les apparences sont trompeuses :
Touffe de papyrus -
les liserons se couchent
pour fleurir
Ah ! Pour les voir, faut pas hésiter à se baisser…
Le bouton
déjà odorant
du jasmin
Si on y colle le nez, bien sûr.
Un liseron s’enroule
lastron trop frêle
pour tout ce bleu
Parfois faut être opportuniste dans la vie… Là, il fallait profiter de la complicité du vent.
Je cherche, je cherche. En vain. Doria, elle, s’allonge sur le paillasson avec fatalisme. Et sérénité : elle a mené à bien son boulot d’effaceuse de traces de chat ; elle les a toutes repérées dans le gazon, dans le bananier, sur les coussins, tous les hôtes miauleurs qui violent régulièrement SON domaine la nuit.
J’abandonne aussi. J’en profite pour désherber un peu, ramasser les feuilles tombées…
Débarrasser l’aubépine
de ces larges feuilles
- l’arbre à pain d’à côté