S.O.S Banian (1)
QUE SUIS-JE POUR LUI ?
Face-à-face
l’oiseau se demande-t-il
ce que je fais là ?
Vivre sa vie en touriste, sans s’y arrêter vraiment, sans s’y impliquer trop intensément, est-ce la rançon d’une recherche de détachement, de zénitude ? Dois-je me sentir coupable d’abandon vis-à-vis de mes frères humains ?
Je ne le pense pas. Je suis de plus en plus convaincue que c’est le trop d’agitation de l’homme qui nous pousse vers l’abîme du matérialisme, du consumérisme… mots barbares qui viennent sous ma plume ce matin alors que s’égrènent les notes limpides des oiseaux.
Et je crois que si les oiseaux s’intéressaient à nous, à notre comportement, à notre existence, c’est cela qu’ils nous diraient. Ce sont les paroles de l’évangile qu’ils nous serineraient : « Regardez les oiseaux du ciel : ils ne sèment ni ne moissonnent, ni m’amassent dans des greniers ; et votre Père céleste les nourrit »
Les oiseaux… mais aussi les fleurs, les arbres qui nous délivrent à chaque instant leurs messages de sagesse. Mais cherchons-nous seulement à les entendre ?
Plus de béton
bal sanglant des tronçonneuses
dans l’arbre sacré
Hier encore… se sont perpétrés des massacres de banians à Saint-André (pour une clôture !), à Saint-Pierre (pour un cinéma !). Vénérables essences au feuillage si dense qu’il abrite tout un monde d’oiseaux, d'insectes, qui se soucie de votre âme séculaire, tutélaire ?
On oublie que vous êtes arbres sacrés, plantés par les engagés indiens exilés de leur terre et que concession leur fut accordée de planter en lisière des domaines de leurs « maîtres », ces temples vivants leur permettant de perpétuer leur religion, les liens vitaux avec leurs dieux.
Mais notre époque de mercenaires bétonneurs, a entamé son processus de désacralisation, de désenchantement du monde. Il est trop tard ?
Fragment de bois
flotté
sur ma table, l’âme
du vieux banian
(Monique MERABET, 27 Juin2012)