Songe (et transports?)
(Fougères et songes*)
*songe ou sonj: variété de taro aux bulbes comestibles. Les feuilles en forme de coeur ont la propriété de laisser les gouttes de pluie glisser sur elles (effet lotus)
IL FAUT QUE JE SONGE
Stylo en main
faut que je songe
au repassage*
Le passage étroit derrière la maison. La rangée de belles-de-nuit côté mur va bientôt rejoindre la rangée de belles-de-nuit côté ruelle. C’est naturel qu’elles se développent autant depuis les dernières pluies. Il faut que je songe à les couper, à les éclaircir tout au moins.
Il faut que je songe à… Quelle belle expression ! Elle me va comme un gant ; elle cadre bien avec mon penchant à toujours donner la priorité à ce qui me plaît vraiment : écrire… écrire… Presque une philosophie de vie. De vie de ménagère dilettante en tout cas.
Dans tous mes écrits, je me suis souvent complue à confier ce peu de goût (dégoût ?) pour ces tâches que je juge vaines.
Faut que tu songes
à ranger ta chambre
- pas même en rêve
Je songe à… cela signifie que j’ai la liberté de refuser (impunément ?) de me livrer à l’action qui suit. Qu’importe ce qui suit d’ailleurs : songer à… repasser, laver les vitres, désherber, ranger mon armoire, etc. On peut même lui adjoindre des trucs farfelus comme « il faut que je songe à tuer mon voisin bricoleur des dimanches » Aucune importance, vous dis-je ! Mon esprit s’arrête à ce « songe » rempli de promesses, d’échappées belles. Ce n’est pas comme si je me disais : « Faut que je coupe cette branche, autrement… » Ah ! Cet autrement-la-menace ! Va-t-il s’immiscer dans tous mes textes dorénavant ?
Petite parenthèse : dans la liste « il faut que je songe à… » j’ai omis les angoissants « payer la facture, les impôts » C’est que chez moi, tout se paie par prélèvement. Je n’ai même pas besoin d’y songer.
Donc, sans regret ni remords, je songe à… et, l’âme légère, me voilà prête à m’évader vers d’autres occupations plus gratifiantes. Il est complètement inutile de me juger, de me critiquer. Cela ne changera rien à ce trait de caractère qui me convient parfaitement car il me procure tant de joies. Bann roprosh i gliss sï moin konm do lo sï fëy sonj.
Et le plus beau de l’histoire c’est que, mine de rien, j’ai réussi à placer les dix mots de la Francophonie.
Tous les dix ? Hum… Vous êtes méfiants, vous comptez, vous recomptez… Vous triomphez : Il en manque un ! Transports…
Eh bien, maintenant il y est !
*La troisième ligne peut se décliner à l’infini. Chacun peut y insérer sa petite corvée détestée. Voilà ! C’est mon cadeau pour aujourd’hui : un haïku (senryu) générateur de haïkus (senryus)
(Monique MERABET, 4 Mars 2012)
PS : TRANSPORTS… voilà un mot qui me donne du fil à retordre. Alors, si on disait qu’aujourd’hui j’ai aussi traité le mot « Transports » ? Hein ?