Thé-Haïku
MA TASSE DE THÉ
Circuit de mouche
au bord de la tasse vide
le goût de mes lèvres (Monique)
Mes lèvres, ses lèvres… Voilà qui trouvera facilement des échos en puisant dans le récent recueil « Parfums des thés » d’André Cayrel et Damien Gabriels. Notre fil rouge pour ce thé-haïku du mercredi 20 Avril. Dans le jardin de Fanny, la dynamique responsable de la boutique « Les petits vert de terre »
Thé haïku
mon verre sur le gravier
presque zen (Monique)
Zen, en tout cas ce moment de détente à savourer entre deux gorgées les haïkus des deux auteurs. Et, bien vite, chacune a cru déceler la caractéristique essentielle du style de chacun de nos haijins amateurs de thé. Si le thé de Damien semble s’apprécier en solitaire et s’accommoder d’un brin de lecture,
Dimanche pluvieux
d’un chapitre à l’autre
un thé après l’autre (Damien Gabriels)
André, lui, préfère nettement le thé à deux...
Sensuelle
la cérémonie du thé ?
jamais douté (André Cayrel)
Mais bien entendu, l’art du haïku fait fi de jugements stéréotypés et nous voilà engagées dans une passionnante chasse au « qui a écrit quoi ? » Devinettes qui amènent une réponse fausse… un fois sur deux !
Dans la transparence
des verres de thé
les teintes des porte-jarretelles (Huguette)
Hé oui ! L’esprit « coquin » de certains haïkus a déteint sur nos pensées et, après quelques incursions dans « La lune dans les cheveux », recueil sur le corps des femmes édité par les Editions Liroli, nous voilà projetées bien loin en arrière du temps où il n’y avait pas de collants.
Notre pérégrination haïkiste s’est entrecoupée d’aphorismes et de conseils tirés de « L’art du thé » que nous a lu doctement Claude. Un peu surréalistes ces leçons de thé d’une autre civilisation que nous ne décodons pas toujours.
L’art du thé au Japon -
dans nos verres épais
un sachet infuse (Monique)
Mais le breuvage qui mijote dans nos récipients (pas même des bols !) s’ennoblit de ses origines : il est issu du commerce équitable
Thé solidaire
à chacune sa couleur
son continent (Monique)
Nous goûtons avec délice aux charmes de cette fin d’après-midi tranquille. Tranquille ? Pas pour tout le monde…
Mon verre de thé -
une drosophile
se brûle les ailes (Monique)
Ah ! Ne l’oublions pas notre mouche du thé, notre muse ès haïkus. Elle a inspiré aussi Madeleine … la seule à avoir su baptiser notre noyée. Pour l’épitaphe ?
De Madeleine, donc :
Une drosophile
s’initie à la brasse
dans ma tasse de thé
Ma tasse de thé
piscine improvisée
pour la drosophile
Périlleux bassin
pour une drosophile nageuse
que ma tasse de thé
Au choix…