Nouvelles des abeilles

(Photo isabel Asùnsolo)

NOUVELLES DES ABEILLES

Printemps des abeilles

au-delà du confinement

je serai bien vieille

combien de cycles de lune

en relatives saisons

Ce matin, c’est Rachmaninoff, la petite musique offerte. Deux minutes trente…

Lent, nostalgique. « Le temps dissout l’espace », pour reprendre les mots de Dora Libellule sur Twitter. La musique aussitôt.

Être musique ou ne pas être. Être musique et ne pas être : n’ayons pas peur des paradoxes.

Notes d’un piano en arrière-sons. le violoniste-prestidigitateur me les a escamotées au début. J’entends ce que je vois. C’est le principe des illusionnistes.

Écouter les yeux fermés ? Ce serait rater le mouvement des doigts, de l’archet. J’aime regarder les musiciens jouer ; j’aime leur air concentré — la musique vient de l’intérieur — j’aime cette tendresse avec laquelle le violoniste se penche vers son instrument, d’âme à âme.

Jour des Rameaux

l’oiseau surpris bec ouvert

lançant son trille

J’ai cru voir un nid de guêpes se former tout en haut du manguier. La première cellule hexagonale, puis les hexagones aux hexagones se juxtaposent et s’additionnent. Une gaufre à venir lorsque les insectes s’agglutinent en essaim.

À dix mille kilomètres d’ici, Plouy Saint Lucien, les amis apiculteurs ont reçu leur essaim vendredi soir. Prendre des nouvelles.

Comment s’est passé le hissage des ruches ? N’ont-elles pas trop froid, les abeilles ? Sont-elles confinées ou déjà parties à explorer leurs alentours ? Repérer les fleurs ouvertes, un peu, beaucoup, énormément…

Belles de nuit fanées

la guêpe ne quémande

qu’une goutte d’eau

(Petit journal des abeilles 20, 5 avril 2020)