Nahaiwrimo 2019 (saison 3)

Publié le par Monique MERABET

 

 

NA                      2

 


HAÏ                    0

 

 

WRI                    1

 

 

MO                     9

CHAT NOIR (ou AUTRES SUPERSTITIONS)

(8 février 2019)

 

Six heures du soir

dans les ombres du manguier

un chat noir

 

Grand-mère disait : « Ma fille, ne traîne pas sous un manguier à la nuit tombée ! ». Maléfices de l’arbre-sorcier, refuge des âmes en peine réclamant réparation …

Dans les anciennes propriétés créoles, on avait coutume d’accrocher un oripeau voyant aux rameaux d’un arbre planté en bordure des lieux d’habitation. Leur rôle était d’attirer les esprits malfaisants, de les tenir à distance, prisonniers, afin d’empêcher qu’ils ne prennent possession des êtres vivant là.

Lorsque j’avais emménagé dans cette maison, il avait fallu faire élaguer les arbres trop envahissants pour le petit jardin. En voyant tomber cette branche avec un lambeau rouge au bout, les ouvriers s’étaient reculés, refusant de toucher à cette… chose… porte-malheur… Trente ans après… Je ne suis pas superstitieuse, mais…

Dans la gueule du chat, quelque chose de rouge.

Dire qu’hier encore, tout était si tranquille ! Le petit voisin fêtait son anniversaire d’un lâcher de ballons rouges.

 

 

 

FALAISE (RÉCIF)

(9 février 2019)

 

 

Fil serré dans la menotte

évoluant à mi-falaise

le cerf-volant

 

Le petit garçon lance des cris de joie et court, court, court… à perdre haleine.

Son cerf-volant brille dans le matin clair balayé d’alizés. Le jouet, c’est son cadeau d’anniversaire, confectionné exprès pour lui. Losange bien équilibré sur son armature de bambou, il virevolte gracieusement, faisant miroiter la mosaïque de paillettes qui le recouvrent. Arc-en-ciel à rendre jaloux le paille-en-queue tout blanc qui niche au-dessus.

Mais l’oiseau vivant a vite compris… ce n’est là qu’une marionnette : il a vu le fil le reliant à l’enfant. Pas trop long pour que le cerf-volant ne grimpe pas trop haut, pour que l’enfant le maîtrise aisément.

L’enfant rit, lève la tête pour mieux admirer les couleurs. Tout là-haut, le paille-en-queue tout blanc l’accompagne de ses arabesques. Librement.

 

 

NOURRITURE DÉGOÛTANTE

(10 février 2019)

 

Il faut bien l’avouer : je déteste les berlingots. Rien qu’à entendre ce mot, je me retrouve plus de cinquante ans en arrière, assise, raide sur une chaise en bois vernis, sans coussin au salon désuet de Tante Magdaleine : la visite annuelle.

Les relents de pipi de chat, la conversation qui languissait autour de radotages ineptes. Et, invariablement, la boîte de berlingots posée sur le guéridon. Toujours la même avec son coucher de soleil chromo sur le couvercle.

Les bonbons s’étaient coagulés, mélangeant leurs teintes écœurantes ; le sucre s’infiltrait sous les ongles quand on tentait d’en extirper un de sa gangue sirupeuse.

— Comme c’est gentil ! disait Maman. Tiens, ma chérie, prends-en un.

 

Bon anniversaire !

les berlingots de ma tante

ont un an de plus

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D
Trois belles histoires, Monique. Bravo !
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