Nahaiwrimo 2019 (Saison 4)

Publié le par Monique MERABET

Photo de Jocelyne... et de son ordi

Photo de Jocelyne... et de son ordi

PANNE D’ORDI

(11 février 2019)

 

Après le bug

ses photos récupérées

toutes remaniées

 

Défiant toute loi architecturale, le beau toit d’ardoise sombre qu’elle avait pris tant de soin à photographier, se retrouve gondolé… inspiré des toits en forme de canots qu’on trouve dans des villages de pêcheurs.

Comme si les toits de la Somme, sérieux, bien ordonnés d’habitude avaient rêvé d’un peu de liberté. Alon réspir lodèr la mér (respirer l’odeur du large)

Le réparateur n’a pas pu lui expliquer pourquoi parfois numérique rime avec fantastique.

Peut-être existe-t-il des lutins informatiques profitant de l’arrêt de l’appareil pour bousculer les réseaux d’octets. Des lutins… comme ceux des contes qui viennent avancer l’ouvrage du pauvre artisan, de la brodeuse, faut-il y croire ?

Moi j’y crois. Ils ont investi mon bureau. Comment se fait-il sinon, que je ne retrouve plus ce précieux cahiers sur lequel j’inscris mes haïkus ?

 

 

GARGOUILLE

(12 février 2019)

 

Face-à-face

la tête de gargouille

d’un agame

 

L’incroyable vision de ce jour ! Un lézard tout noir, immobile dans la petite allée qui mène au baro d’entrée…

Est-il sourd ? aveugle ? Je ne sais. Mais il ne réagit ni au bruit des volets qui s’ouvrent ni à mes pas qui s’approchent pour vérifier que je n’ai pas la berlue. Plus inouï encore – inquiétant ? – j’ai le temps d’aller chercher mon appareil photo et de le prendre sous tous les angles. Aucune réaction à mes préparatifs de photographe néophyte ni à mes prises de vue rapprochées… de plus en plus près. Il a fallu que je le pousse du bout de ma savate pour qu’il courre enfin se réfugier dans le ficus. Je frémis à l’idée que le chien ait pu survenir avant.

Bon ! Un lézard en mon jardin ? la belle affaire, me direz-vous ! Mais d’une teinte aussi sombre, je n’en avais jamais rencontré… Et cette tête d’extra-terrestre !

Les écrivains de Science-fiction ou de Fantasy représentent souvent leurs créations monstrueuses avec des têtes de caméléon : aspect reptilien privilégiant la gent lézard à cause des pattes qui leur confère un aspect plus proche de l’humain.  Peut-être que mon lézard d’aujourd’hui n’est qu’une créature échappée à un de ces mondes oniriques que j’explore à longueur de séries fantastiques. 

Vivre ce que l’on lit…

 

 

 

PANNEAUX PUBLICITAIRES

(13 février 2019)

 

Cela faisait un moment que les jumeaux jouaient tranquillement dans leur cabane au jardin. Pas l’ombre d’une dispute… Léna sourit. Elle avait deviné.

Ah ! l’air mystérieux de sa fille qui avait demandé : « Maman, on peut prendre quelque chose dans la cuisine ? »

Elle avait acquiescé ; elle n »avait pas même vérifié. Elle savait. Il s’agissait de la boîte de coquillettes, évidemment. les enfants lui fabriquaient un des colliers de pâtes dont les maîtresses de Maternelle ont le secret.

Léna se replongea, sereine, dans ce mémoire sur la publicité — ses outrances — qu’elle préparait pour l’organisme de répression des fraudes pour lequel elle travaillait.

Soudain, la porte qui s’ouvre, les enfants épanouis, des taches graisseuses sur leurs tee-shirts, l’offrande dans les menottes en coupe…

Maman, c’est pour ta fête, mais… Heu… on préfère te le donner tout de suite…

Oh ! Non ! Pas ça !

 

Affiche publicitaire

la femme souriante

son collier de saucisses

 

 

MÉTRO

(14 février 2019)

 

Métros de retard

Dubo… Dubon.. Dubonnet

à longueur de couloirs

 

Se souvient-on encore de cette pub de la décennie 60-70, s’étalant de façon hypnotique sur la faïence des couloirs. Publicité matraquage pour un… apéritif ! Sûr que les travailleurs fatigués se précipitaient sur leur bouteille de vermouth une fois rentrés chez eux. Le quinquina — vanté comme fortifiant — qui entrait dans sa fabrication devait inciter à la consommation.

Rédhibitoire aujourd’hui… Ce genre d’affiche ne couvre plus les murs du métro.

Les naufragés du Métro-boulot-dodo en sont-ils plus heureux, plus sages ?

Je me souviens… Paris sous la pluie et la course à suivre mes nièces dans les dédales du métro : monter, hisser les lourdes valises, se cramponner à la barre centrale et bringuebalement…

Trente ans après, rien n’a changé. Portes refermées, se retrouver face à leurs regards absents. Sans un sourire. Même le dimanche.

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D
Toujours ta belle inspiration, Monique !
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M
Merci Danièle. Pour l'inspiration, je pioche un peu partout.
J
Merci Monique pour cette jolie vision de mes aléas photographiques. Les lutins ont bien agi, finalement !<br /> Oui je me souviens DUBO DUBON ... il y a quelques années on en apercevait les vestiges sous les tunnels du métro, dans l'ombre. Je ne sais si on les voit encore.
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M
Grâce à toi Jocelyne, je ne suis pas restée en panne d'inspiration. <br /> Pour la pub Dubonnet, je crois qu'elle a vraiment marqué le paysage souterrain du métro... pendant longtemps.